Sophia libère Paris

Par Fibula
Sophia Libère Paris, Capucine et Libon, Collection Shampooing ( éditions Delcourt ) 2010
Paris, 18 Novembre 1870. Des hordes de Prussiennes viennent à bout des derniers remparts de la ville ! Bientôt la capitale sera sous leur contrôle ! A la mairie de Paris, rien ne va plus ! Il est temps de faire appel à Sophia !
Sophiaaaa, la brun-euh, ton décolleté n'est pas de mouss-euh ! Et oui, Sophia la plantureuse, mélange de Sophia - justement - Lauren, Xéna la guerrière et plein d'autres encore, va déballer sa marchandise plus d'une fois pour éviter la catastrophe et Dieu sait qu'elle a de sacrés arguments !
Hum... Attendez voir un peu... De quoi est-il question au juste ? Décolleté ? Plantureuse ? "Déballer sa marchandise" ??!!
Ah ah... Vous allez voir... Si je vous dit que pour sauver Paris, il faudra empêcher les Prussiennes de racheter toutes les propriétés de la ville et donc faire appel à une notaire experte expatriée au beau milieu de l'Afrique (sans blagues...). Si je vous dit également qu'il sera question de règlements de comptes sentimentaux entre Sophia et toutes ses ex dans tous les endroits qu'elle traversera accompagnée de sa chère et (pas très) tendre Rima... Je vous vois venir, vous sentez l'embrouille à plein nez ! Et vous avez raison !
Parce que soyons honnête deux secondes : une nana plantureuse qui exhibe poitrine à chaque fois qu'elle se bat, c'est à dire toutes les quatre minutes à peu près ; qui se tape souvent les filles qu'elle croise, n'ayons pas peur des mots - non non non - dans un univers exclusivement féminin (oui, il n'y a pas d'homme de toute l'histoire), eh bien c'est complètement n'importe quoi !
Mais en même temps c'est particulièrement original, et réussi, qui plus est !
Euh.. Excuse-moi, mais t'es en train de dire que de voir une nana qui montre sa poitrine, qui se bat à moitié à poil avec d'autres filles et qui finit au lit avec quasiment tout le monde, ça te plaît et c'est original ?
Ah... Je ne vais pas dire le contraire, après tout je ne suis qu'un homme faible... Et la partie reptilienne s'agite avec émoi devant un tel spectacle... Sss...
Non, sérieusement, ce qui m'a plu c'est que cette histoire, c'est une histoire de gros mec viril bien planté, genre Arnold qui exhibe ses muscles ruisselant de sueur dès qu'il peut en beuglant : "mêmeuh pas mal", retournée pour être jouée entièrement par des filles, dans un univers de filles d'une façon très féminine. En gros c'est un peu comme un film porno tourné par une femme : ça reste du porno mais la "sensibilité" est différente. Là, ça reste du roman de cape et d'épée, complètement déjanté certes, mais avec une autre sensibilité.
On sent que les auteurs se sont vraiment éclatés.
L'histoire complètement dingue reste bien cadrée. La succession des événements est logique et les personnages principaux ont tous un truc bien à eux. L'univers est donc cohérent et on en est que plus surpris. On se laisse entraîner vers des destinations vraiment particulières sans se perdre et surtout avec le sourire.
C'est, d'ailleurs, le deuxième sentiment que j'éprouve à propos de cette bande dessinée - le premier étant la stupéfaction vous vous en doutiez... - : ça ne se prend pas au sérieux et donc je me suis bien amusé.
Alors je comptais partager quelques extraits choisis et puis finalement je me suis dit qu'il vaut mieux lire les dialogues croustillants accompagnés des dessins évocateurs. Pas de chocolat sans piment, je vous le dis !
Pour finir, je vous renvoie à l'excellente interview des auteurs sur le site des éditions Delcourt.
Allez, allez, vous verrez ! On s'amuse, on se défoule et on se demande bien s'il n'y avait que de la camomille dans le grog des auteurs... Hips !
Sophia Libère Paris, une véritable aventure bonnet "D", par Capucine et Libon
François Nicaise
Note musique de Lætitia : en en mettant en ligne ce texte, j'écoute 3 gars su'l sofa, Cerf-Volant (Pixelia, 2009)