Synopsis :
Le pouvoir de Voldemort s'étend. Celui-ci contrôle maintenant le Ministère de la Magie et Poudlard. Harry, Ron et Hermione décident de terminer le travail commencé par Dumbledore, et de retrouver les derniers Horcruxes pour vaincre le Seigneur des Ténèbres. Mais il reste bien peu d'espoir aux trois sorciers, qui doivent réussir à tout prix.
Critique :
Tout à une fin. Lorsque Star Wars III est sorti au cinéma en 2005, je me rappelle avoir été réellement ému, avec ce sentiment au creux de l’estomac de dire au revoir à des personnages qui nous ont fait rêver pendant de nombreuses années. Harry Potter, l’une des plus grande (et longue) saga du cinéma me provoquera sans doute le même effet en juillet prochain lorsque la seconde partie des Reliques de la Mort sortira en salles. Nous avons vu Harry, Ron et Hermione grandir, évoluer, changer, devenir simplement adultes. On a l’impression de les connaître, on anticipe parfois même certains de leurs choix prouvant à quel point ces personnages font désormais partis de la culture populaire.
Des choix qui ne se sont jamais avérés aussi durs et cruciaux que dans ce septième film, segmenté pour des raisons artistiques et évidemment financières en deux parties. Après Le Prince de Sang Mêlé qui m’avait pour ma part particulièrement séduit, David Yates a retrouvé la direction de cet immense chantier avec comme mission quasi suicide de clore la saga en apothéose. Soyons clair, cette première partie particulièrement réussie nous prouve que le bonhomme mainte fois critiqué à probablement réussi son coup.
Même sans avoir lu le 7e livre (volontairement pour ne pas avoir ce fâcheux sentiment de trouver les films amoindris), il était évident que je m’attendais à un univers sombre, le dénouement tragique du précédent film couplé à la superbe campagne marketing (affiches + trailers) des Reliques de la Mort insistant sur ce point. C’était sans compter le choix de Yates et du scénariste Steve Kloves de radicaliser la franchise vers un monde qui ne fait désormais plus parti de l’enfance. Il est intéressant de faire le parallèle entre L’Ecole des sorciers, fascinant par l’esprit magique et heureux qui y régnait malgré les péripéties de notre trio principal, avec ce dernier film, le plus noir et extrême de tous.
Harry Potter et les Reliques de la mort partie 1 s’apparente à une longue fuite en avant vers un monde semblant condamner par les forces du mal. Il n’existe désormais plus de frontière entre le monde des sorciers et celui des Moldus, Voldemort et ses sbires s’attaquant à découvert en plein Londres. Fini les couleurs rassurantes de Poudlard, nous ne les verrons même pas ici. Nos héros sont livrés à eux-mêmes, et assumeront eux-même leurs actes. Ils n’ont plus de tuteurs, plus de protecteurs, ces derniers étant soit emprisonnés soit tués. Harry Potter deviendra adulte par obligation, avant même ses 18 ans.
Le scénario se centre ici sur le trio central, perdant de fait les repères réguliers que nous pouvions avoir par la présence de l’environnement proche d’Harry, la famille Weasley, Hagrid ou les professeurs de Poudlard. Présents dans la première demi-heure du film, ils participeront notamment à la « scène d’action » à savoir le transfert d’Harry Potter en feintant les Mangemorts. Digne d’un blockbuster américain, cette séquence permet au film de démarrer très fort après une introduction d’une rare émotion dans la saga. Une introduction en guise d’au revoir qui ne pourra que marquer les spectateurs, peu habitués à ce registre si fataliste et désespéré dans la saga.
Mais si le démarrage du film (tout comme le final) se révèlent être parmi les meilleurs de la saga à ce jour, la partie centrale, plus axée sur l’introspection des personnages apparaitra comme en deçà du reste, la faute à un rythme moins bien géré et une sensation de stagnation parfois gênante. Une réflexion importante et salvatrice chez Harry, Hermione et Ron, entrecroisée des sentiments qu’ils éprouvent les uns pour les autres avant l’inéluctable bataille finale que nous pourrons admirer dans l’ultime film.
Bien que Yates fasse la part belle à ses trois acteurs phares, d’autres, pourtant tout aussi important seront malheureusement quelque peu délaissés, sans doute en prévision du second film où ils devront nécessairement occuper une place essentielle. C’est le cas notamment des leaders Mangemorts, Voldemort en premier (Ralph Fiennes toujours au sommet dans ce rôle) ou de Bellatrix Lestrange, personnage au très fort potentiel que l’on n’a toujours pas vu s’exprimer comme il se doit. La folie qu’incarne Helena Bonham Carter à la perfection n'a tristement toujours pas trouvé pas scène à sa (dé)mesure.
Les Reliques de la mort brille par un parti pris artistique relativement proche du Prisonnier d’Azkaban d’Alfonso Cuaron, sans doute le meilleur film Harry Potter à ce jour. La désillusion se ressent à chaque instant dans les yeux des personnages malgré leur volonté à aller de l’avant et chercher les Horcruxes, éléments renfermant l’âme de Voldemort et permettant de le détruire.
Sans être le meilleur réalisateur du monde, David Yates demeure un exécutif talentueux. Sa mise en scène ne révèle rien de transcendant mais l’on pourra souligner quelques audaces créatives notables. Ainsi, le passage où Hermione raconte l’histoire des Reliques de la mort, intégralement en animation surprend autant qu’elle fascine. La saga n’avait jusqu’alors jamais eu recourt à des passages en totale animation, elle s’avère ici un judicieux moyen d’expliquer l’histoire sans avoir recourt aux traditionnels et éculés flashbacks. En revanche, on se plaira à imaginer certaines autres scènes dirigées par des réalisateurs plus inspirés, à l’image de la poursuite dans les bois, finalement peu marquante.
Harry Potter et les reliques de la mort partie 1 est donc un tournant dans cette saga qui ne peut plus désormais être considérée comme une saga pour enfants. La noirceur poussée de cette première moitié annonce dès un présent un final dantesque que l’on espère à la hauteur de nos espérances. Inévitablement frustrant, le film se termine avec une puissance maléfique nous laissant un sourire en coin, pressé de voir le combat que l’on attend depuis maintenant 10 ans. S’octroyant sans mal la place de 2e dans au classement des meilleurs films, ce nouvel opus est une bien belle mise en bouche (sublimée par le magnifique score d'Alexandre Desplat) avant l’explosive fin dont la sortie en juillet prochain n’a jamais paru aussi longue. Chapeau !
A découvrir à ce lien, le reportage de TF1 dans 50 min Inside sur les coulisses de ce nouveau Harry Potter.
Sortie officielle française : 24 novembre 2010