1163.- Après ma mésaventure du Marathon de Paris 2010 et la période d'inactivité de trois mois qui en résultait, je traînais en moi un goût d'inachevé et d'amertume.
C'était ma première course que j'abandonnais en cours mais la douleur au pied droit était insoutenable et je ne voulais pas amoindrir mes chances de reprise du running sur bitume. Mon tout premier marathon date du 05 avril 2009, le Marathon de Paris que je terminais en 5h03'48'' l'essentiel était de le terminer et j'avais passé les deux dernières heures après le km 30 à souffrir continuellement à cause des ampoules aux deux pieds et de mes jambes qui étaient dures comme deux bouts de bois.
Quand on tombe de cheval, il faut remettre les runnings aux pieds et vite relever un nouveau défi et l'occasion s'est présentée le 14 novembre 2010 pour le 3ème Marathon des Alpes Maritimes qui se déroulait entre Nice et Cannes.
Mes amis de longue date Yann et Laurence ont déménagé à Nice et c'était l'occasion de leur rendre visite dans le cadre de mon Tour de France amical et sportif. C'était très agréable d'autant que Yann est un marathonien chevronné puisqu'il a fait Lyon, Nice, Berlin, Rotterdam et il s'apprête à faire Florence dans deux semaines.
Je suis arrivé samedi matin et je suis reparti lundi pour profiter de passer du temps avec mes amis et leur gentille famille.
Samedi soir nous sommes allés nous régaler chez Nhà Trang un excellent vietnamien Niçois avec Béatrice, André et Julie l'amie de Laurence dont le papounet de 68 ans courrait lui-même le lendemain matin.
Après une nuit bien courte due au stress de la compétition, je me levais donc à 5h40 pour préparer mon petit déjeuner calqué sur celui que je prends avant chaque entrainement du matin : des oeufs brouillés, du thé et deux verres de jus de fruits.
Dans son plan de préparation pour Florence, Yann devait courir 14 km le samedi, il a décalé son entraînement à dimanche pour pouvoir m'accompagner jusqu'au km 7 et revenir chez lui.
A 07h45 sur la Promenade des Anglais, Je me suis mis dans mon sas des 3h45 choisi un peu par pure folie à l'époque de l'inscription car Yann me disait qu'il le choisissait toujours.
Mon objectif en abordant la compétition était double : terminer la course et faire entre 4h15 et 4h30.
(Superbe parcours le long de La Riviera, un réel bonheur pour moi qui adore courir le long des cours d'eau)
Quand le coup de feu a retenti à 8h15, je suis parti sur les bases d'un entrainement type sortie longue de semi-marathon soit 11,5 - 12 km/h. Je passais donc rapidement devant le ballon des 3h45, le coureur qui porte un étendard avec ce temps de référence et qui nous assure de terminer dans ce temps si on arrive à lui coller du début à la fin de la course.
En voyant Yann vers le km 4 vers Saint-Laurent-du-Var, je ralentis mon allure car nous avons pas mal parlé et il m'a donné les conseils d'usage pour être sûr de terminer, ne pas s'affoler, écouter mon corps et ne pas chercher à faire un temps.
Une fois le km 7 passé, j'ai donc repris une bonne allure pour refaire allègrement mon retard sur le ballon des 3h45 et le laisser 200 m derrière moi de manière à assurer un bon temps à l'arrivée.
Le km 10 arriva vite en 52' et le semi en 1h51' nouveau record personnel et j'étais plutôt serein, mon corps ne présentant pas de signe de faiblesse.
Le ciel était nuageux avec un peu de bruine et un vent de 14 km/h mais rien à voir avec les conditions dantesques du Marseille-Cassis que j'avais couru deux semaines auparavant.
Le Marseille-Cassis m'a indubitablement bien préparé au Marathon des Alpes-Maritimes.
De façon analogue au MDP 2009, je commençais à vaciller sérieusement à partir du km 27. Bien que j'avais bu à chaque ravitaillement et pris du solide banane, quartier d'orange à partir du semi, une fringale commençait sérieusement à me prendre à l'estomac.
Le ravitaillement à Antibes du km 27,5 fut le bienvenu pour me refaire une mini-santé et j'avais pris l'habitude de marcher pendant ces moments de pause-boisson-restauration à l'instar de Serge Girard qui prend bien le temps de faire baisser son coeur de manière à profiter de tous ses ravitaillements.
Je repartis de plus belle, traversant allègrement la montée du Cap d'Antibes et le km 30 en 2h40.
Au km 33, non seulement ma vitesse avait bien baissé et de plus nous allions attaquer le faux plat montant du Golfe Juan.
La pente n'était pas dure mais le passage vide sérieux, je vis le ballon de 3h45 me passer inexorablement devant, il fut pour moi impossible de le remonter jusqu'à la fin de la course, toute l'entrée sur Cannes se faisait sur une montée.
Ce n'était pas le Col de la Gineste certes mais contrairement à Marseille où je m'attaquais à la montée avec 6 km dans les pattes, j'abordais cette montée avec 33 km et cela fait une différence quand même.
Ma volonté ferme du jour était de ne jamais marcher, sauf pendant les ravitaillements et je m'accrochais donc à ce voeu pieu tandis que de nombreux coureurs autour de moi cédant aux caprices de leur corps avaient commencé à alterner marche et course.
Avec joie nous passions l'entrée de Cannes et il restait à peine 4 km avant de franchir la ligne d'arrivée devant le Palais des Festivals sur la Croisette.
Quand on dépasse le km 38, comme dirait Nicolas "Bac+10" Guillaume : "on se dit qu'on doit tout envoyer mais il ne reste plus rien à envoyer !"
Je serrais les dents, je serrais les fesses et bien que mes jambes commençaient à me faire l'effet de bouts de bois comme à Paris 2009, en revanche je ne ressentais aucune ampoule aux pieds, ça c'était le pied.
J'ai donné tout ce que j'avais et l'arrivée s'est faite sur tapis rouge avec une allée très étroite et une promiscuité bien agréable avec les spectateurs affalés de part et d'autre des barrières qui délimitaient les derniers mètres. Dans un sursaut d'orgueil j'ai accéléré sur les 200 derniers mètres et heureux d'avoir terminé j'ai lu halluciné mon temps sur mon GPS : 3h56'08''.
Je suis très content de ma course car :
- J'ai établi un nouveau record personnel en pulvérisant ma précédente marque de 67 minutes
- Je suis passé sous la barre mythique des 4 heures
- J' ai terminé mon second marathon
- J' ai couru sur une partie du trajet avec mon bon vieux pote
- J'ai battu mon record personnel de 1h54'41'' sur un semi-marathon (Paris 2010)
- Je suis dans bien meilleur état à l'arrivée qu'en 2009 !
Et maintenant c'est récupération, repos pendant trois semaines avant de commencer à envisager les prochains défis.
Merci à Laurence et Yann pour m'avoir fait cet accueil adorable, vous êtes des amis formidables.
Bon courage Dude pour Florence le 28 novembre !
Merci aux bénévoles et aux spectateurs qui ont scandé mon prénom au passage, ce qui nous rebooste bien et merci à mes gentils supporters de Fessebouc !
Merci à la SNCF qui a organisé le rapatriement gratuit de tous les coureurs jusqu'à Cannes en TGV et en 1ère Classe s'il vous plait.
Toutes les photos sont sur Flickr.
Tous les résultats du 3ème Marathon des Alpes-Maritimes sont sur le site.
En me préparant mentalement à l'épreuve, j'ai découvert ce merveilleux titre qui m'a accompagné une bonne partie du parcours et qui est mis en images avec des superbes prises de vue du film Les Chevaliers du Ciel (2005) de Gérard Pirès.
Thirteen Senses - Into the Fire
Paroles et musique : Wilson, Adam Michael; South, William David; Welham, Thomas William; James, Brendon Arthur
Come on, come on
Put your hands into the fire
Explain, explain
As I turn and meet the power
This time, This time
Turning white and senses dire
Pull up, pull up
From one extreme to another
From the summer to the spring
From the mountain to the air
From Samaritan to sin
And it’s waiting on the end
Come on, come on
Put your hands into the fire
Explain, explain
As I turn and meet the power
This time, This time
Turning white and sense dire
Pull up, pull up
From one extreme to another
From the summer to the spring
From the mountain to the air
From Samaritan to sin
And it’s waiting on the end
and now I’m alone I’m looking out Way down
The lights are dimand now I’m alone I’m looking out Way down
The lights are dim
Ooooh
Come on, come on
Put your hands into the fire
Come on, come on
"Marathon des Alpes-Maritimes" Episode 3, de Nice à Cannes le 14 novembre 2010