Les gardiens de prisons sortent de leur mutisme réglementaire (photos ministère chilien de la Justice)
En France, ce lundi 15 novembre, les gardiens de prison se sont mobilisés pour dénoncer leurs conditions de travail. Pas assez de personnel pour des prisons surpeuplées, des risques dus au manque de moyens. Trop c’est trop, les syndicats ont appelé au blocage des établissements. L’herbe est rarement plus verte ailleurs. Au Chili aussi, les surveillants sont de plus en plus sous pression.
Environ 10% des « gendarmes » – les surveillants pénitentiaires chiliens – sont sous traitement médical. La plus grande partie de ces 1500 personnes, sur les 14500 que comptent la profession, le sont pour des problèmes psychologiques. Les gardiens des prisons chiliennes n’en peuvent plus. Entre les transferts des cellules vers les tribunaux – où le manque de personnel met en défaut certaines mesures de sécurité – et les agressions récurrentes dans les prisons (environ 1400 actes recensés en un an), le malaise est de plus en plus palpable. Deux gardiens se sont même suicidés sur leurs lieux de travail à Arica et à Vallenar au cours des quatre derniers mois et une vingtaine aurait tenté de passer à l’acte, selon l’association nationale des fonctionnaires pénitentiaires. La plupart des fonctionnaires craque au bout d’une dizaine d’années. Trop de stress et de danger. Pour ceux qui restent, le soutien n’est pas assez fort déplore l’association. Pas ou très peu d’aide psychologique, des conséquences sur la vie de famille, une grande proportion de divorcés dans les rangs (une part estimée à 50% de ces employés du ministère de la justice). Il faut dire que 25 jours de garde consécutifs pour pallier au manque de personnel ont de quoi impacter la vie sociale…
Bien que soumis au devoir de réserve, les plaintes murmurées commencent à se faire entendre. Et embarrassent au ministère. Contacté à plusieurs reprises par le blog Chili et carnets, un membre du ministère tente de se défendre avec maladresse : « Les docteurs, ils disent ce que vous voulez qu’ils vous disent… », hasarde-t-il lorsque l’on évoque le nombre de surveillants suivis par un médecin.
Patricia Pérez Goldberg, sous-secrétaire d'Etat à la Justice
La publication dans les médias d’une telle nouvelle fait grincer des dents. Patricia Pérez Goldberg, sous-secrétaire d’Etat à la justice, a eu beau promettre qu’elle travaillait sur le désengorgement des prisons chiliennes, le geste n’est pas assez fort. Interrogé sur les mesures envisagées pour tenter de remédier à ce problème, la voix du ministère assure finalement qu’un « plan historique » va être lancé « dès 2011″ : « l’embauche de 6000 nouveaux fonctionnaires d’ici à 2014. »
Effet d’annonce destiné à calmer les curieux ou véritable plan de travail ? La question se pose. Mais, même en cas d’embauche, il faudra également trouver la solution pour faire chuter le taux de remplissage des prisons chiliennes « qui explique une grande partie de ce problème », concède Patricia Pérez Goldberg. L’herbe est rarement plus verte ailleurs…