Sam Tyler est flic à Manchester en 2006. Victime d'un accident de la route, il se réveille en 1973. Est-il mort ? Dans le coma ? Ou a-t-il fait un bond dans le passé ? C'est ce qu'il s'évertuera à decouvrir au cours des deux saisons et des seize épisodes que compte cette série, l'une des plus exceptionnelle qu'ait connu le médium. Ses créateurs (Matthew Graham, Tony Jordan et Ashley Pharoah) décidèrent dès le départ que Life on Mars ne compterait que deux saisons, marquant d'emblée leur projet du sceau de l'intégrité, envoyant aux oubliettes toute éventuelle velléité des producteurs de prolonger l'histoire en cas de succès de la série, succès qui fut justement au rendez-vous.
La trame narrative de Life on Mars suit donc le personnage de Sam Tyler (gracile John Simm), confronté épisode après épisode à une enquête différente au sein du commissariat de police de Manchester durant l'année 1973. Flanqué d'un chef old school (et pour cause) qui fait parler les poings avant de poser les questions (charismatique Philip Glenister), Tyler tâchera de découvrir la vérité sur son saut dans le temps et de retrouver son époque. Il nouera par ailleurs une relation de confiance et d'amitié avec sa coéquipière, Annie Cartwright, incarnée par la délicieuse Liz White, la seule qui sera véritablement à son écoute.
Ce qui frappe avant tout lors de la découverte de Life on Mars, c'est le soin méticuleux apporté à la reconstituion des années 70. Ainsi, vêtements, voitures, ojets, coiffures, tout est si crédible que l'on ne peut que saluer les responsables du production design de la série, nous proposant une année 1973 semblant plus vraie que nature. Les moeurs des policiers du commissariat de Manchester, davantage portés sur le whisky et l'interrogatoire musclé que sur le respect du code, sont quant à eux souvent jubilatoires, tant ils mettent en valeur, par effet de contraste, l'époque aseptisée qui est la nôtre, et dans laquelle le politiquement correct n'a d'égal que l'hypocrisie de ceux qui en sont les auteurs.
Par ailleurs, la série subjugue par la qualité de sa bande originale. Outre la chanson de David Bowie donnant son titre à la série (le tube de Bowie, Life on Mars, passant à la radio lorsque Sam Tyler se réveille en 1973), l'on entendra ainsi Roxy Music, T. Rex, Thin Lizzy, ou encore Paul McCartney et les Wings avec le tubesque Live and let die. Chaque épisode est ainsi rythmé au son de ces standards des années 70, achevant de nous immerger dans cette époque musicalement bénie.
D'autre part, l'une des grandes forces de Life on Mars réside dans l'équilibre parfait que trouve la série entre comédie (on rit souvent), et gravité (le sort de Sam Tyler, le background des personnages, notamment), créant une empathie immédiate envers des personnages tous plus fragiles les uns que les autres.
Mais là où Life on Mars marque durablement le coeur et s'inscrit comme une série incontournable, c'est lors de son ultime épisode, au cours duquel le spectateur est submergé par une décharge d'émotion impossible à maîtriser (j'ai réellement pleuré, et pas simplement une larmichette). L'issue de l'histoire, et surtout sa signification profonde, faisant de l'imaginaire le salut de l'être humain et soulignant par là-même le caractère profondément triste et déshumanisé de nos sociétés actuelles, nous éclate en plein visage par le biais d'une mise en scène qui donne tout ce qu'elle a pour illustrer son propos. L'on est ainsi parcouru d'un frisson inattendu qui nous laissera scotché à notre fauteuil, les yeux mouillés et le coeur battant la chamade, bien après que la petite fille en rouge soit venue éteindre notre téléviseur...