En ce moment, je trouve mes articles plats. Moroses. Ennuyeux. Vous allez me dire que c'est le blues de la rentrée. Ou alors l'arrivée de l'automne, saison monotone par excellence où les questions existentielles affluent (qui suis-je ? où vais-je ? pourquoi John Woo fait-il toujours des ralentis de colombes dans ses films ?). Mais je sais que ce n'est pas ça. Je la connais,l'horrible vérité, l'horrible chose qui m'a plongée dans un abime de perplexité dans lequel je suis restée depuis. J'en suis encore traumatisée, de cette macabre découverte, de cette épouvantable prise de conscience. Car voilà : récemment, je me suis rendue compte...non, c'est trop dur à avouer... donc je me suis rendue compte...que moi... Moi ! Celle qui se prétend cinéphile, qui s'extasie devant Kubrick ou Eisenstein !...je me suis donc rendue compte... que j'avais vu presque tous les films de Michael Bay. Je sais. C'est la honte absolue. J'ai assisté lâchement au bombardement de "Pearl Harbour", au sauvage de l'humanité d'"Armageddon", au cabotinage de Nicolas Cage dans "Rock", aux gun fights des deux "Bad Boys", à la fuite d'Ewan et de Scarlett de leur "Island"... et même, dernièrement, aux roulages de mécanique des "Transformers", grâce à la chaine culturelle, art et essai, TF1 (oui, je sais, ça remonte, mais comprenez moi, il m'a fallu plusieurs mois pour pouvoir exprimer ma honte). C'est donc officiel : tout comme "Transformers", j'ai touché le fond.
Pitcho, mon pitch : au commencement fut le Cube (oui, c'est un peu comme le cube de Canal+ sauf, qu'en plus de regarder la télé , tu peux aussi conquérir le monde avec). Pas de bol pour nous, ce cube qui attire toutes les convoitises, il tombe sur Terre. Et aux Etats-Unis bien sûr. Alors les Transformers viennent le rechercher. Les Transformers, c'est des sortes d'extra-terrestres robots avec des noms d'options pour voiture (Optimus Prime) ou de séries B (Dévastator). Et comme le cinéma de Michael Bay n'est pas du tout manichéiste, y'a d'un côté les Bons Transformers et de l'autre les Méchants Transformers. Et le chef des Méchants, il s'appelle Megatron. Bon, il est quand même un peu sympa ce Megatron, parce qu'il a tout de même la gentillesse de se présenter avant de tuer tout le monde. Bref, Shia Labeouf, poissard comme il est (attends, c'est vrai, il faut quand même avoir une sacrée poisse pour porter ce nom !), va se retrouver avec une voiture-Transformer. Et va être entrainé malgré lui dans cette guerre sans merci entre les deux races de robots...
Au départ, ça avait l'air cool : un film de robots qui se cassent la gueule, le tout avec la bouille sympa de Shia et le sourire vamp de Megan Fox. Oui, ça avait l'air cool. Sur le papier. Parce que sur grand écran...c'est pas vraiment ça. Il faut bien le dire : "Transformers" énerve. Tout d'abord, par ses dialogues neu neu. Non contents de faire répéter mille fois à Shia Labeouf "non non non non !", les scénaristes multiplient les phrases absurdes, les faisant prononcer le plus souvent par Megan Fox (si c'est pas du sadisme, ça !).
Megan Fox, parlons-en, justement. On me disait qu'elle était l'atout (charme) de ce film, qu'elle apportait la petite touche sexy, glamour. Tu parles. Dans ce film, Megan Fox ne sert à rien. Mais absolument à rien. On a même envie de la plaindre, tant son personnage, son rôle, semble être d'un néant absolu et semble se résumer à "Faire la potiche en silence la bouche ouverte pour qu'on voit ses dents blanches. Dire n'importe quoi. Sourire bêtement. Dire n'importe quoi." (Et puis, si c'est pour rester la majorité des scènes bouche à demi ouverte, ils pouvaient tout aussi bien engager Kristen Stewart !).
Restent les fameux robots et leurs super effets spéciaux. Qui au début sont pas mal, c'est vrai. Sauf qu'à la fin, l'impossible se produit : on en vient à être agacé par toutes ces explosions, ces courses-poursuites, et, bah oui, on commence à s'ennuyer ferme. Du coup, le film de robots qui se cassent la gueule devient simplement un film de robots qui se casse la gueule (waouh, je fais même des jeux de mots sur les terminaisons de verbe ! Trop forte !).
Mais le point d'orgue, le must, l'apotéhose est atteint lors des placements de produits : non contents de nous faire de la pub toutes les 5 minutes pour des marques de voiture ou d'ordinateurs, Michael Bay n'hésite pas...à se faire de la pub lui-même (!) en citant son film "Armageddon". Il faut dire que la citation est de mise, vu le ratage apocalyptique de ce film...