Un fait nouveau vient d’intervenir dans le fonctionnement intime de la « République Fromagère » (R.F.). Le pouvoir vient de s’apercevoir qu’il existe 697 comités « Théodule » pour conseiller le premier ministre et les autres ministres. Les étranges intitulés foisonnent : comité de la prévention et de la précaution (sic), comité national de l’initiative française pour les récifs coralliens, commission nationale d’indemnisation des dégâts du gibier. Sauf quelques suppressions, le pouvoir depuis 2007 en a créé une vraie marée : Grenelle de l’environnement, commission pour la libération de la croissance, conférence sociale sur les salaires et le pouvoir d’achat, comité consultatif de réforme de la carte judiciaire, commission chargée de l’élaboration d’un livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, commission sur les PME et les marchés publics. Mentionner aussi la conférence sur l’emploi et le pouvoir d’achat avec plusieurs groupes de travail sur le Smic, les allégements de charges, et le revenu de solidarité active. L’architecture enchevêtrée est pleine de doubles emplois et de comités plus ou moins dormants. Les intérêts embusqués derrière chaque organisme sont tels que le ménage est impossible à faire sauf volonté politique qui n’existe pas.
Le projet de loi de finances pour 2011 évalue le coût de ce cirque à 25 millions d’euros mais nous allons voir comment cette évaluation manque complètement de sérieux.
L’ETENDUE DU DESASTRE
C’est un désastre économique car les entreprises croulent sous les impôts pour payer les fonctionnaires en excédent et nul besoin de commissions pour faire leur travail. Ce vrai maquis dépasse largement les 697 soudainement devenus à l’ordre du jour.
A l’échelon central il existe des autorités administratives indépendantes (AII), qui prolifèrent avec allégresse. Leur pouvoir dépasse celui des commissions puisqu’elle ne se contentent pas d’opiner du bonnet mais exercent de véritables pouvoirs. Voici quelques-unes d’entre elles : la Halde ou Haute autorité de lutte contre la discrimination et pour l’égalité, la C.R.E. ou commission de régulation de l’énergie, la C.N.I.L. ou commission nationale de l’informatique et des libertés, le C.S.A. ou conseil supérieur de l’audiovisuel. le conseil de la concurrence et bien d’autres. Tous ces « machins » quasiment indépendants sont dispensés de vrai contrôle financier.
Mais il faut ajouter les innombrables commissions des conseils régionaux, des conseils généraux et des grandes mairies. Le nombre total de ces commissions décentralisées est absolument impossible à connaître et doit être de l’ordre de 10000, ceci dans un meli-melo et un désordre épouvantable avec de nombreux doublons.
Ne pas oublier les « Hauts Conseils » dont la liste est impossible à faire (Il n’existe pas de Bas Conseil !). Un Haut Conseil s’occupe de l’assurance maladie ; il réuni 53 représentants de ceux qui se dénomment les forces vives de la nation et qui ne sont en fait que des branches mortes avec en particulier des syndicalistes.
LE POURQUOI ET LE COMMENT
Plusieurs explications peuvent permettre de comprendre ce véritable tsunami.
En premier lieu se situe le principe des calamités. Les pouvoirs dirigistes, créant des calamités diverses par leur propre action et ne voulant surtout pas réformer., déclenchent de nouvelles calamités pour prétendument corriger les premières : ce sera une commission ou mieux une nouvelle structure ; le semblant d’action permet de passer à autre chose après avoir communiqué pour faire croire que l’on s’agitait.
Le reclassement des camarades en perdition, une habitude dans ce « milieu » des politiques, est un des moteurs. Qui ne la respecte pas n’en bénéficiera pas le moment venu. Dans le foisonnement se trouvent beaucoup de cadres syndicaux. C’est un aspect parmi d’autres de l’opacité scandaleuse et d’ailleurs souvent illégale du financement des syndicats.
En toile de fond se situe le refus de l’économie de marché qui est la seule façon de créer de la richesse. La plus grande partie des problèmes dont l’État et ses succursales se saisissent abusivement se trouveraient résolus si le marché les géraient dans la liberté des contrats. Voici un exemple parmi des quantités d’autres ; beaucoup de conseils régionaux et généraux ont un comité du tourisme et à l’échelon national, idem, avec en plus un ministère du tourisme. Ce sont des organismes totalement abusifs ; les entreprises travaillant dans le tourisme sont seules qualifiées pour développer leur business. Les superstructures inutiles les écrasent par les impôts nécessaires pour les nourrir et financer leur luxe extravagant ; au lieu de les aider elles les ralentissent. Le même schéma peut être appliqué à toutes les calamités d’origine publique.
LES DEPENSES
Une grande majorité de ces structures ne dispose pas d’une véritable comptabilité. Quand il en existe elles ne rendent pas compte de l’essentiel.
L’essentiel c’est principalement le temps passé dans les parlottes le plus souvent sans aucun résultat concret : les rapports viennent vite garnir les étagères des fonctionnaires !. Ces parlottes rassemblent des personnes supposées de qualité qui pourraient créer de la richesse dans des activités privées au lieu de voir leurs talents dissipés dans la marée des structures publiques. Si par un calcul impossible à réaliser le nombre d’heures ainsi perdues était connu et multiplié par leur valeur, ce serait un total astronomique représentant une richesse purement détruite par la superstructure.
Il faut ajouter dans le coût global du cirque le désordre introduit dans tout le fonctionnement de l’économie. Les entrepreneurs, en particulier de moyennes et petites entreprises, qui sont les principaux créateurs de richesse dans le pays souffrent gravement de ce désordre : temps et énergie passé à comprendre, recherche épuisante d’aides éventuelles, attente insupportable de la réunion d’une commission qui se réunit tous les trois mois !
En évoquant à nouveau les syndicats, mentionnons que, dans la mesure où ces structures abritent bien au chaud des cadres syndicalistes, elles servent avec les impôts versés pour les nourrir à entretenir des gens qui s’attachent ensuite à détruire les entreprises et donc la richesse nationale par leurs actions.
L’EXEMPLE DE L’ECOLE
En 2003 l’école était en déroute et depuis longtemps. Une grandissime parlotte fut organisée par Raffarin dans toute la France ; treize mille établissements ont gaspillé des heures précieuses sur le sujet avec des milliers de réunions. Les moulins à paroles ont brassé du vent dans le vide. Au sommet une Commission nationale régnait pour organiser la parlotte. Il existait pourtant un Haut Conseil de l’évaluation de l’école qui est peut-être encore là. Quelle finalité donner à l’école ? » était une question soumise aux participants. Or les gens raisonnables pensent que la finalité de l’école est d’enseigner, ce qui pour des raisons idéologiques ne convient pas aux syndicats vrais patrons de l’Éducation Nationale. Plusieurs années après l’école est toujours en déroute.
La solution, pourtant, est connue et porteuse d’espoir : c’est la libération de l’enseignement en commençant par le bon scolaire qui marche fort bien ailleurs.
Au risque de paraître optimiste il faut affirmer que toute calamité étatique comporte des solutions à condition qu’elles ne soient pas noyées dans des comités Théodule avec des parlottes interminables.
Par Michel de Poncins (Tocqueville Magazine)
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