Après un événement tel que "Buried" il était plus que nécessaire de lâcher les chevaux avec une œuvre visuellement ambitieuse et sacrément culottée.
Avec "Unstoppable" je fus largement servi.
Et même au-delà.
J’ai déjà vu un bon nombre de longs métrages d’action dans mon existence mais cela faisait longtemps que je
n’avais pas pris autant mon pied.
On peut tout reprocher à Tony Scott mais
pas de s’investir à fond dans une production et de nous en donner pour notre argent. Le metteur en scène britannique à l’art et la manière de nous coller au fond de notre fauteuil. Du bonheur à
l’état pur pour les fanatiques d’un cinéma d’action que seuls savent mettre en chantier les anglo-saxons. Il s’agit d’un opus de plus d’un cinéma dit commercial.
Et alors.
Un train fou chargé de matières toxiques lancé sans conducteur à pleine vitesse sur le réseau ferré de la
Pennsylvanie, un ingénieur fraîchement sorti de l’école et un conducteur chevronné qui s’improvisent héros d’un jour pour éviter un accident majeur, tel est le résumé lapidaire de
"Unstoppable".
Il est évident que l’argument fort du long métrage n’est pas son scénario. Les lieux, les situations et les
moyens employés changent mais on se retrouve mis en présence d’un film catastrophe dans la plus pure tradition hollywoodienne. Nous savons où nous mettons les pieds avec cette trame usée jusqu’à
la corde dans les années 70.
Le génie de Tony Scott est de redonner ses lettres de noblesse à un genre cinématographique en perdition avec
une œuvre nerveuse et pleine de rythme, interprétée par des comédiens on ne peut plus doués.
Chaque fois que le spectateur moyen est confronté à ce type de productions, la première pensée est que le
propos semble énorme, sacrément gonflé voire exagéré. Mais la magie opère immanquablement. La vraisemblance est envoyée dans les limbes. Le train d’enfer de notre plaisir peut alors démarrer sans
coup férir. On y croit véritablement.
Nous sommes plongés au cœur d’un divertissement qui respecte son public avant toute chose.
L’entame est habile. En quelques minutes Tony Scott pose plante son décor, brosse un portrait succinct de ses
personnages et installe l’intrigue générale. La mécanique est bien huilée. Point de conversations ni d’intrigues secondaires forcément inutiles. L’efficacité est le maître mot du long
métrage.
Scénario minimaliste, comportant son lot de clichés et lieux communs nécessaires, certes mais réglé comme du
papier à musique. Le metteur en scène connaît parfaitement son cœur de cible. Nous avons besoin de ces sempiternels rebondissements qui pimentent ça et là un tel film. Tony Scott joue la carte de
la qualité. A intervalles réguliers, les protagonistes subissent le contrecoup des événements.
Le rythme du film s’accélère au fil des minutes et la tension s’installe au fur et à mesure. Le train
accélère, la catastrophe semble inévitable et notre cœur bondit à chaque développement. Le suspense est à son comble. Les moments de bravoure sont légions.
Sur le plan du divertissement "Unstoppable" est une réussite. Pendant 1h45 minutes nous en prenons plein les
yeux avec ce concentré d’adrénaline pure.
Le tout est superbement filmé. Les chagrins regretteront les caméras qui tressautent sans arrêt mais comment
mettre en scène un long métrage aussi nerveux avec un certain académisme dans la manière de filmer les choses.
Tony Scott utilise parfaitement la technique et les moyens mis à sa disposition. Son style force l’admiration
des plus réticents. Cela participe pleinement de notre implication dans "Unstoppable".
L’un des points forts du film est sa photographie éclatante. La luminosité générale magnifie la beauté des
décors naturels. Les teintes des constructions, des locomotives, ou des costumes des acteurs bénéficient d’un traitement à la limite de la saturation. Les images claquent à l’écran.
La musique d’Harry Gregson-Williams
renforce l’impression croissante d’emballement et de frénésie. Il n’y a pas un thème principal à retenir en particulier comme dans certains longs métrages de légende mais plutôt une ambiance
générale qui nous sied.
Pour la quatrième fois Denzel Washington
collabore avec Tony Scott et le spectateur ressent que l’entente est parfaite entre les deux artistes. L’acteur américain joue sa partition en toute quiétude. Il mélange sérieux et détente. Il
fait tout simplement du Denzel Washington.
Dans l’éternel numéro vieux briscard jeune loup, Chris Pine tire son épingle du jeu avec un naturel désarmant. Il fait partie de la jeune garde montante appelée à prendre les commandes du cinéma hollywoodien et sa prestation est
sans fautes.
Rosario Dawson s’impose sans difficulté au
beau milieu de cet univers masculin où suinte la testostérone.
"Unstoppable" remplit à merveille l’unique mission qui échoit traditionnellement à ce genre de productions :
donner du plaisir aux gens. Basé sur des faits réels le film donne le frisson et s’attache à nous mener d’un point A à un point B sans difficulté. Tony Scott est l’un des maîtres du cinéma
d’action et signe avec "Unstoppable" l’un de ses meilleurs films.
Le mot "fin" au générique agît comme une sanction bien injuste.