Une fresque des années 70, une enquête sur la crise d’octobre, Sam Nihilo, alter ego de l’auteur nous dirige pas à pas vers une version différente de l’officielle, plusieurs acteurs célèbres se cachent derrière ces pseudonymes. Deux cellules felquistes passent aux actes, l’enlèvement d’un diplomate anglais, d’un politicien québécois et l’irréparable, une mort d’homme.
«Saint-Lambert, le 10 octobre, 18 h 18. Paul Lavoie, lui, se dirigeait vers son rendez-vous imprévu avec l’Histoire sur son trente-six : pantalon vert olive à rayures jaunes, souliers en croco verni, chaussettes assorties. Il voit alors des mitraillettes et derrière les mitraillettes, deux types vêtus de longs imperméables coiffés. Lavoie hésite, tourne la tête et regarde vers la maison. Il aperçoit sa femme, debout avec son sac à main, dans l’entrée. Enfin prête.»
Hamelin nous dessine un portrait très pittoresque du Québécois en tout genre ; de la maison du pêcheur en Gaspésie, de la forêt abitibienne, des plages mexicaines, tout cela cerclé de voyages dans le temps, deuxième guerre jusqu’à aujourd’hui, on touche à tout. Une forme de polar se dessine, un mystère que Sam tente de résoudre, ce livreur de poulet de Baby BBQ et le mystère des quatre P : Poulet-Procès-Pierre-Perquisition. Qui sont ces membres de ces cellules felquistes ? Qui sont les véritables coupables de la mort de Paul Lavoie ?
«Au début des années 80, à leur retour d’exil pour les uns, à leur sortie de prison pour les autres, les trajectoires des anciens kidnappeurs d’octobre avaient considérablement divergé. Ceux qui n’avaient pas recherché et trouvé l’oubli, s’étaient pour la plupart recyclés en parfaits représentants de la gauche citoyenne. Un seul trait continuait de les relier l’un à l’autre après toutes ces années : le silence entourant la mort de Lavoie.»
Un roman digne de ce nom, Hamelin est, par contre, exigent de son lecteur, plusieurs chapitres sont nécessaires pour s’installer dans ce style qui nous chamboule entre personnages et époques. Mais au fil des pages, on est littéralement accroché. Un merveilleux roman qui fera sûrement parler de lui.
Je termine avec cette fredaine de Dalida tirée du roman :
C’était le temps des fleurs
On ignorait la peur
Les lendemains avaient un goût de miel
Ta main tenait mon bras
Ta voix suivait ma voix
On était jeunes et on croyait au ciel.