C'est en 2007, alors qu'il venait d'être élu avec une majorité aussi confortable qu'inexplicable, que Napoléon 4 aurait pu nous infliger un gouvernement pur sucre, sectaire et dogmatique.
Ce petit malin a voulu noyer le poisson et travestir son ultra-libéralisme en pratiquant ce qu'il appelait l'ouverture, et c'était sa première erreur stratégique.
Car en ne recueillant que des radicaux carriéristes comme Kouchner ou des socialistes mangeurs de soupe comme Besson, il n'a nullement déstabilisé son opposition, mais il a par contre créé de graves mécontentements dans sa majorité, où nombre de fidèles soldats ont vu des opposants parachutés s'emparer de postes qu'ils convoitaient comme la juste rétribution de leur soumission. On se rappelle des brames désespérés de Devedjan, qui espérait « que l'ouverture porterait ses effets jusqu'au sein de la majorité »...
Après avoir fâché tout le monde par ce premier éparpillement et voyant que sa popularité stagnait désespérément, le petit chose s'est donc mis à draguer tous azimut, ce qui était présomptueux : on ne peut pas faire de grand écart avec de si petites jambes.
Il a tout essayé, avec ses histoires d'identité nationale et de guerre des roms, tout pour solliciter l'extrême droite, en vain puisque la seule chose sur laquelle je soies d'accord avec Le Pen est que ses adeptes préfèrent l'authentique à la contrefaçon.
La seconde partie de son plan était de se concilier le centre en réservant Matignon à Borloo.
Ce faisant, Napoléon 4 donne l'impression d'un gamin qui joue au Monopoly, croyant pouvoir additionner l'adhésion de courants politiques comme on annexe des territoires, fantasmant sur l'utopie de les voir comme autant de vassaux au coude à coude en ordre de bataille sous sa bannière, et incapable d'imaginer qu'en séduisant les uns, il va faire fuir les autres.
Et plouf ! Voilà le centre qui lui pète entre les doigts. Sous quelque angle qu'on la considère, la manœuvre est un désastre pour lui. Le centre, qui a pourtant depuis trente ans voté à 95% avec la droite, prétend maintenant vivre sa vie et présenter un candidat contre lui. L'extrême droite, dont le principe fondateur est de toujours prendre et de ne rien donner, a trouvé le moyen de faire avancer ses idées aux frais de l'UMP mais s'apprête aujourd'hui à en récupérer les effets sous sa propre étiquette.
Les gros malins de l'Elysée se retrouvent donc bêtement entre eux, entre droitiers et droitistes, UMP et RPR, conservateurs et retrogrades, grosjean comme devant, en petit comité, comme au premier jour de leur complot. Qu'est ce que tu dis ? Comme des cons ? Ben oui, tu as raison : comme des cons.
Il y a même le vieux Juppé, celui qui, en 1995 avec le CPE, avait voulu exclure d'un trait de plume tous les moins de 26 ans du code du travail, qui revient au renfort, comme les retraités de la CIA reprennent du service dans RED, la soupe réchauffée d'Hollywood qui sort la semaine prochaine.
En fait, les derniers sarkozistes jouent Fort Alamo... Après avoir dressé contre eux avec constance tous les pans de la population, toutes les professions, tous les corps constitués et toutes les forces vives, les voilà dos à dos pour leur dernière bataille : gagner 2012 ou périr. Une sorte de baroud d'honneur entre fondamentalistes.
Les chimistes parleront de cristallisation, les biologistes d'enkystement, les flics de forcenées barricadés, les gens du quotidien d'huitre qui se referme. Le gouvernement, qui ne vivait déjà plus beaucoup avec les Français, ne pensait déjà plus vraiment comme eux, les avait traité avec brutalité, notamment avec la réforme des retraites, est plus autiste que jamais.