Cependant, ce jeu de cachecache à l'air banal présente des enjeux importants. Au-delà des questions morales et éthiques que Google aimerait mettre au centre du débat, le pari entre ces deux colosses de l'informatique tient de la répartition de la publicité sur Internet et, bien évidemment, de l'argent qui en découle.
Jusqu'ici, Google s'était penché sur son système d' Adsense et d' Adwords pour créer de la publicité intéressante, orienté à l'utilisateur. Si la personne réalisait une recherche sur Google avec des mots comme " Rome ", par exemple, le système reconnaissait le mot et proposait donc de la publicité en conséquence : des Hôtels à Rome, des sorties, etc. C'est comme cela que Google a fait fortune, notamment avec la publicité sensible affichée sur les sites et les blogues.
Le malaise de Google apparait parce que Facebook détient une méthode pour accéder directement aux préférences des utilisateurs sans avoir à développer ou deviner leurs gouts avec des logiciels de détection de mots. Car Facebook demande explicitement à ses utilisateurs d'afficher de plein gré la musique qu'ils aiment, la Fac dans laquelle ils ont obtenu leurs diplômes et leurs restos favoris, par exemple.
C'est pourquoi Google se plaint : après avoir passé des années à développer un système qui puisse prédire les préférences des utilisateurs sans porter atteinte à leur vie privée, Facebook demande directement aux gens d'afficher leurs gouts, les explique qu'il peut se servir de ces données, et les gens acquiescent sans problème !
Ainsi, Google se creuse la tête à chercher une méthode qui lui permette d'obtenir des renseignements sur les pages visités par les utilisateurs, les vidéos de Youtube visionnés et les articles lus, sans s'égarer de la promesse faite aux utilisateurs de respecter leur vie privée.
En revanche, Facebook cherche à élargir son périmètre d'action, en tentant de convaincre ses utilisateurs de rester connectés en permanence à son site. Ainsi -explique l'entreprise de Zuckerberg-, vous allez pouvoir marquer un article comme " j'aime " directement ou le partager avec vos contacts sans avoir à vous reconnecter à Facebook à chaque fois. Ce qu'ils ne vous expliquent pas, c'est qu'ils s'en serviront pour créer une publicité sur mesure qui vous est destinée, que vous allez trouver dans les colonnes de votre journal en ligne préféré.
Ce coup d'état informatique cherche à concentrer tout autour de Facebook : une espèce d'Internet dans l'Internet qu'alimentent les données publicitaires (et le prix des actions) de Zuckerberg et compagnie sans que Google puisse être de la partie. Ce mouvement pourrait faire du fondateur de Facebook non seulement le plus jeune milliardaire au monde, mais aussi le maitre absolu d'Internet.