Samedi a vu la libération de l’opposante birmane, Prix Nobel de la paix 1991, Aung San Suu Kyi. Elle fût une icône de la lutte démocratique pour son pays d’abord, mais surtout à travers toute l’Asie. Une de ses expressions résume le fondement de sa lutte pacifique : « La démocratie, c’est la liberté d’expression ». D’ailleurs, une fois libérée par la junte, elle s’est exprimée : « Je veux travailler avec toutes les forces démocratiques ». Les analystes avancent pourtant que cette sortie de résidence surveillée n’a qu’un but, inavoué, pour la junte au pouvoir en Birmanie: avoir un « pass » pour desserrer l’étau des sanctions internationales. En tout cas cette libération a été accueillie par une foule en liesse avec l’espoir qui renait.
A n’en plus douter, l’Asie est en passe d’être le cœur, sinon le poumon du monde. Cette libération d’Aung San Suu Kyi se dresse comme une leçon de persévérance, mais ouvre également un enjeu de taille pour le reste du monde sur le jeu de la démocratie, ses tenants et aboutissants dans les pays classés « non démocratiques L’attribution du Prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiabao est un réel appel du pied à la grande puissance qu’est la Chine qui se joue des arcanes de la « démocratie » en n’en faisant qu’à sa tête, faisant fi des avis de la communauté internationale. Les bras de fer du président chinois, Hu Jintao, au sommet du G 20 à Séoul, avec les occidentaux est une illustration pendante sur une subtile suprématie asiatique sur le monde, chacun souhaitant voir la Chine autoriser une hausse, improbable, de sa monnaie. Face à l’épouvantail chinois, les américains n’ont d’autres alternatives que de jouer avec la planche à billet en injectant 600 milliards de dollars supplémentaires dans l’économie américaine, une mesure qui dévalue le billet vert à coup sûr.
La Chine est devenue en un laps de temps relativement court une incontournable. La Grande ile en fait les frais avec ses vagues de migrations chinoises, ses trafics en tout genre licites ou illicites, ses financements et ses travaux et constructions divers, ses contrats miniers qui fleurissent. Comment peut-il en être autrement quand on sait que les investissements de la Chine en Afrique ont augmenté de 81 % à 552 millions de dollars durant le premier trimestre de 2010 ? Le forum sino-africain de Beijing initié en octobre 2000 est l’un des éléments précurseurs de la politique d’ouverture initiée par les autorités de Pékin. Avec quelques sept cents entreprises d’Etat chinois implantées sur le continent noir, la Chine absorbe tout ce qui est à sa portée.