Jeannette Bougrab, si tu nous entends, voici quelques idées…

Le remaniement a eu lieu hier soir. Notre lobbying anti-sportif a plutôt bien fonctionné (il n’est pas trop tard pour lire notre article de dimanche et vous dire quenous avons échappé à David Douillet, c’est déjà ça).

C’est finalement Jeannette Bougrab l’heureuse élue. Âgée de 37 ans, c’est presque une jeune, et un sacré progrès comparé à ses prédécesseurs.

Jeannette, la tâche ne va pas être facile. Déjà, c’est pas la peine de lancer une grande consultation et de réunir tout le monde autour de la table pour échanger ses idées. Martin Hirsch, ton prédécesseur vient de le faire (son successeur express a essayé de nous faire le coup avec trois groupes de travail dont un sur le danger des apéros facebook pour la République…). En plus, personne n’a franchement envie de consacrer son énergie à un nouveau catalogue de bonnes idées, tout le monde préfèrerait qu’on passe à l’action.

La commission Hirsch a produit un Livre vert plein de propositions pour la jeunesse. Certes, il n’est pas parfait, mais a le mérite d’aborder la question de manière transversale, ce qui est assez rare dans notre pays pour être souligné. Certaines mesures sont toujours à l’étude, d’autres à l’essai. Beaucoup sont passées à la trappe alors qu’elles méritaient mieux (enfin parmi celles qui sont passées à la trappe, il y en a aussi qui ne valaient pas tripette).

On pourrait imaginer faire un tri, dégager des priorités et foncer. Sauf qu’il y a un autre souci : il n’y a presque plus d’argent pour les jeunes. Une grande partie a été réquisitionnée pour le service civique… Il va falloir faire avec des bouts de ficelles.
S’il te plaît, fais quelque chose quand même, parce que là ça urge, le chômage des jeunes, par exemple, n’arrête pas de grimper… Parmi les propositions du Livre vert, certaines demandent beaucoup moins d’argent que de volonté politique.

La première par exemple, la numéro 0 : un débat au Parlement et une loi de programmation pour fixer des objectifs en matière de politique jeunesse… ça ne mange pas de pain et ça irait plutôt dans le bon sens.

Ensuite, plusieurs touchent l’information des jeunes, notamment en matière d’orientation :

• 1 : Faire de « l’éducation au choix » une mission prioritaire de l’école
• 2 : Modifier les pratiques professionnelles de l’orientation, pour les inscrire dans l’environnement familial et extrascolaire des jeunes
• 3 : Reconnaître un droit de tous les élèves, apprentis et étudiants, à une information impartiale et homogène sur les débouchés
• 6 : Garantir les réorientations en cours d’année dans les moments clés de l’orientation
• 7 : Créer un livret des compétences, support d’une orientation positive
• 8 : Au niveau national, partir de l’identification des services à fournir pour repenser l’architecture des opérateurs de l’orientation

Bon, d’accord, le travail sur l’accompagnement est déjà plus coûteux, mais réellement urgent :

• 19 : Ne pas faire des missions locales un simple auxiliaire de Pôle emploi
• 23 : Accompagner la recherche d’emploi des jeunes diplômés qui ont le plus faible réseau relationnel

La proposition 24 (interdire les stages hors cursus) vient de faire l’objet d’une loi, qu’il serait bon de revoir au plus vite. D’autant que ça non plus, ça ne coûte pas un centime d’argent public.

La proposition 26 (assurer le respect du droit du travail) devrait aller de soi… un peu comme la 53 (supprimer les seuils d’âge qui ne se justifient pas). Cette dernière poserait quand même la question de ce qui se passe réellement à la majorité. C’est vrai au fond, pourquoi des conditions d’accès au RSA aussi restrictives avant 25 ans, pourquoi attendre 30 ans avant de pouvoir être pour être sénateur…

Si on veut être de mauvaise foi, on peut aussi soutenir que la proposition 50 (permettre aux municipalités de développer les lieux de vie ouverts à tous les jeunes) n’engage que l’argent des communes. On peut donc foncer (mais bon, elles sont souvent plus en avance que l’Etat)…

Dans le champ associatif, reste une ambition politique de longue haleine, dont on peut retenir trois points :

• 52 : Transformer les modes de représentation des jeunes.
• 49 : Faciliter et promouvoir l’engagement tout au long de la vie
• 56 : Promouvoir et valoriser le bénévolat des jeunes

… Mais vu l’argent qu’il reste pour les jeunes, ces idées là vont sans doute attendre. Encore une fois.