Peu importe les affinités que l'on peut avoir avec tel ou tel constructeur, il est un point sur lequel tous les violons s'accordent, même les plus discordants, à savoir que la Wii a apporté un souffle nouveau dans l'appréhension générale du gameplay. Cela a également conduit à singulariser des genres de titres jusque-là réservés à l'Arcade, mais aussi à dynamiser le secteur du jeu de rythme et plus particulièrement la danse grâce à la détection de mouvement. Amorcée dans Les Lapins Crétins, la danse vidéoludique est en plein boom en cette fin d'année, et c'est notamment l'oeuvre d'un unique soft paru l'an passé sur la console de Nintendo, Just Dance. Alliant reproduction de chorégraphies assez simplistes pour être fédératrices et track-list parfaitement ciblée pour la tranche des adulescents, le jeu d'Ubisoft était diablement fun, mais des plus frustrants à cause d'une mauvaise reconnaissance des mouvements. Un comble, en somme. Phénomène de société aidant, la firme française a rapidement annoncé développer une suite assumant pleinement son statut. Du moins, c'est ce que nous allons voir après avoir enfilé une tenue adéquate à faire pâlir une soudeuse fredonnant "What a Feeling".
Danses de salon
Devant un parterre familial atterré par tant d'hégémonie dans le style – notons-le –, et ne reculant aucunement face au ridicule que peut avoir la situation , votre serviteur de l'extrême s'est une nouvelle fois lancé le pari de "Just Dancer". Car oui, désormais, le nom du jeu de danse d'Ubisoft peut tout à fait se conjuguer. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'au-delà des railleries du clan des testostérones en ébullition, il a su hisser haut l'étendard d'un genre peu représenté jusque-là, la danse. Certes, l'avènement de tous les systèmes de détection de mouvement comme Kinect (et son Dance Central qui affole déjà les compteurs) ou le Move (SingStar Dance) va faire perdurer la démocratisation du dance floor à domicile, mais le titre de la Wii reste et devrait rester pendant quelques temps encore le véritable fer de lance dans son domaine, grâce notamment au parc de consoles établi et aux ventes mirobolantes du premier volet. Le contexte sociologique étant placé (n'ayons pas peur des mots), pas la peine de devenir une Lady complètement gaga pour entrer de plain pied sur cette piste prête à s'enflammer au rythme de vos hanches. L'important dans Just Dance 2, c'est d'être à l'image d'un cartésien désabusé : on pense qu'on est, mais en fait on s'en fiche éperdument, tout simplement parce qu'on s'amuse pleinement. Car ne nous voilons pas la face, ceux qui reproduiront les mouvements à l'identique du modèle sont aussi nombreux que ceux qui ont acheté le CD de Cindy Sanders.
Le maitre-mot d'un jeu comme celui d'Ubisoft, c'est du fun à profusion couplé à une accessibilité sans faille. Et cela passe par des menus sans sophistication aucune et un lancement immédiat de la session à laquelle on veut s'adonner, sans pour autant renier quelques options. Pour ces dernières, on pense notamment à la possibilité d'épurer l'interface de jeu déjà assez claire à la base, en supprimant les paroles d'un titre, ou encore faire à l'aveuglette et renvoyer au vestiaire l'aide gestuelle qui défile et vous aide en indiquant le mouvement à venir. Ça rajoute certes de la difficulté, mais oblige en même temps à se focaliser sur l'artiste chorégraphique pré-enregistré.
Ainsi, on a rapidement le choix entre de la danse en solo, en duo ou bien par équipe, le mode "battle" inédit donc, et jouable jusqu'à huit avec l'alternance de deux "dancers" par chanson. Taillé pour le multi, c'est bien évidemment vers ces modes à plusieurs que Just Dance 2 délivre de l'or en barre en termes de plaisir et de fun. Surtout que désormais, certaines des chorégraphies ont été étudiées pour cela et qu'on se régale à tenter un pas de deux digne de Dirty Dancing.
Danse centrale
Comme tout jeu musical qui se respecte, les regards se tournent rapidement vers la tracklist et savoir si on frôle l'orgasme auditif ou au contraire la débandade du tympan. Déjà, bonne nouvelle, ce sont près de 45 chansons que l'on peut retrouver de base sur la galette, soit 15 de plus comparé au premier volet. Autre bonne nouvelle pour les mordus, du contenu additionnel (dont certains titres gratuits) est déjà mis en place contre 300 Nintendo Points par séquence, soit trois "petits" euros. Certains pesteront contre ce fallacieux procédé désormais plus qu'habituel, mais la playlist initiale de Just Dance 2 est sans conteste une réussite. On passe ainsi d'un Mika à un James Brown, en surfant sur la vague disco de Donna Summer ou à la musique plus actuelle des Pussycat Dolls ou Rihanna. Même si, forcément, on lorgne plus vers du commercial que de l'underground, le fait est que c'est accessible et fédérateur, tout en ayant ce grain de folie capable de faire décoller une soirée. Clé de voûte de Just Dance 2, les chorégraphies ont elles aussi subi un lifting tout en gardant une accessibilité sans faille, même pour les frigides du déhanchement en rythme. Souvent cocasses selon les titres ("Iko Iko" par exemple), bien fun ("Wake Me Up Before Yo Go Go") ou encore plus techniques ("Alright"), on arrive sans peine à suivre les mouvements qui nous sont demandés grâce à un juste équilibre entre la difficulté des pas et leur réitération laissant le temps de les assimiler. Sans oublier l'ajout d'une dizaine de chorégraphies spécialement étudiées pour un pas de deux virtuel que l'on peut vous confirmer comme étant extrêmement payantes lors d'une soirée entre néophytes.
Le plus gros point noir du premier volet, à savoir la détection de mouvement exécrable, canalisait toute la déception et la frustration du joueur occultant dès lors le plaisir immédiat que pouvait procurer le jeu. Fort heureusement, on dénote de gros progrès, mais Just Dance part de tellement loin qu'au final, on arrive à se demander si c'est la détection qui est beaucoup plus effective ou si au contraire elle a été élargie, permettant alors de comptabiliser en "Perfect" ou "Great" un geste qui ne l'aurait pas été auparavant. Mais le résultat est là : on se sent moins lésé. Du coup, l'aspect empathique du jeu n'est prend pas un coup et on arrive à la conclusion que Just Dance 2 est bien plus une suite aux fignolages apparents et efficaces qu'un moyen de profiter de la naïveté d'une grosse part de marché. Autre effet Kiss Cool, on revient plus régulièrement sur le jeu même en solo, que ce soit sur le mode Just Sweat présent pour donner bonne conscience et tenter de faire croire qu'on dépense un max de calories en suant et jouant, ou en partie rapide.
Visuellement, même s'il garde cet effet psychédélique/pop art du premier volet, Just Dance 2 parait plus fin et plus divertissant grâce notamment aux fonds d'écran qui alternent en cours de chanson. L'interface a également été épurée et si l'on garde le système de comptage de points visibles, les paroles sont dans le coin inférieur de l'écran, la jauge de points juste au-dessus, laissant l'espace libre pour le nerf du jeu, les chorégraphies. Par contre, les cryptogrammes indiquant le prochain pas de danse sont plus difficiles à apprivoiser qu'avant, tout en restant bien visibles et compréhensibles.