Ce livre, je l’ai acheté il y a quelques années, sans doute suivant les conseils de la critique. Et je n’ai pas réussi à le lire alors. Je viens de le sortir de ma bibliothèque. S’il m’a fallu faire un effort pour avancer dans les premières pages, j’ai peu à peu été emporté par la passion qui brûle ces Feux. Comment une blessure amoureuse peut trouver une incarnation par le truchement de la mythologie et de l’écriture, comment aller fouiller dans les profondeurs de l’âme humaine et en retirer des braises rougeoyantes, en un mot comment parler de l’amour et parler d’amour.
Marguerite Yourcenar nous invite à redécouvrir Phèdre, Antigone, Clytemnestre, Marie-Madeleine, Achille, Socrate, et d’autres, comme nos contemporains presque, au gré de quelques anachronismes. Le crime de Clytemnestre devient sous sa plume une preuve d’amour, Marie-Madeleine trouve toujours un lit vide, Phèdre entretient une haine qu’elle finit par nommer amour… La mort est omniprésente, comme si c’était elle qui tenait la main de celle qui écrit.
Des pensées éparses s’immiscent entre les nouvelles, comme on en écrit sur des carnets, sortes de formules définitives qui ne demandent qu’à être démenties par l’existence où elles naissent : « Qu’il eût été fade d’être heureux ! »