C’est un peu difficile de parler de Stefan Zweig sans énoncer de platitudes qui frôleraient la condescendance, tant le personnage et son œuvre inspirent le respect. Pour éviter ces deux écueils (les platitudes et la condescendance), je vais donc commencer par ne pas parler de l’histoire, parce qu’elle est brève d’abord, parce que ce serait un affront à sa renommée ensuite, et parce que le titre est suffisamment évocateur enfin.
Je me contenterai donc d’indiquer que, pour un lecteur aussi éclectique que moi, qui regarde les grands classiques avec la méfiance de celui qui a été traumatisé par une liste de livres au bac français digne d’une agrégation de lettres anciennes, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme procure un triple plaisir :
- La sensation de lire de la « vraie » littérature (j’ai adoré Katherine Pancol, Anna Gavalda est un must et j’ai même lu un Marc Lévy, mais on sait bien que, toutes choses égales par ailleurs, ça n’est pas ce que l’on range dans la « catégorie-des-classiques-incontournables-qu’il-faut-avoir-lu-sous-peine-de-rater-sa-vie », nan ?) ;
- Le plaisir de lire quelque chose de joli, dans le sens premier du terme : on ne peut qu’être admiratif du style élégant et raffiné de Stefan Zweig qui, malgré des phrases longues et un vocabulaire soutenu, assez emblématiques de son époque, reste éminemment accessible, obstinément dans le réalisme et résolument dans l’acuité des situations ;
- La surprise d’un récit hautement contemporain, à la fois touchant et surprenant (le dénouement final est réellement inattendu), où l’optimisme et la foi en l’être humain sont des maîtres-mots.
Bien que je ne sois pas une grande fan de la citation à tout-va, je ne résiste pas à la tentation de rapporter ici l’une des nombreuses phrases percutantes (d’après moi en tout cas) qui émaillent le récit « J'ai personnellement plus de plaisir à comprendre les hommes qu'à les juger ».