Kenny Powers! Le fier héros des temps modernes, le Don Quichotte hypertrophié créé par Jody Hill et Danny McBride (le seul à pouvoir personnifier la figure tutélaire principale!), produite par Will Ferrel (la stature de l’empereur de la comédie US), nous revient en deuxième année après une première saison qui semblait être unique. Et puis nous voilà avec une nouvelle fournée d’épisodes, une autre virée dans l’enfer du quotidien pour le plus grand joueur de baseball de toute l’histoire. Ou du moins celui le plus redoutable.
Kenny Powers, ancienne (vraie) gloire du baseball, reconverti professeur de sport, redevenu le vieux loup solitaire qu’il souhaitait, expatrié au Mexique suite à plusieurs vérités décriées à ses proches. Comprenez, Kenny est le King, le roi, un être quasi surnaturel méritant dévotion et sacrifice. Se voir sorti du baseball pro l’a obligé à revenir se salir les mains dans le quotidien. Heureusement ses mésaventures (de première saison) l’ont poussés à entreprendre une quête personnelle, une recherche de son soi intérieur. Ou de celui des jeunes mexicaines qu’il côtoie lors de son exil à Mexico. Intégrant l’équipe de baseball locale, il fait des étincelles, se refaisant une réputation. Le retour de son fan premier, son disciple malgré lui Steve, le ramènera à la réalité et au retour en terre promise.
La série d’HBO fait très fort. Non content de présenter un héros hors norme, désagréable et hautain au possible, grossier comme misogyne, gaffeur comme vantard, Kenny Powers est américain au plus haut point. Et la série étant menée par les caïds de la comédie d’Outre Atlantique, rien n’est fait au hasard. Une série au-delà des normes pour un héros extraordinaire, qui ne s’embarrasse des conventions, n’agit que pour son bien, recherche avant tout des plans culs et à satisfaire son ego sur-dimensionné. Le pire étant que cela fonctionne, et que derrière cette couche puante se cache un misérabilisme sidérant, un homme au cœur brisé. Et oui, Kenny est un cow boy solitaire, loin de son amour de toujours, et se cache pour ne pas montrer sa peine. Accompagné de Steve (qui prend une part importante dans cette saison), il part alors dans un voyage initiatique où il croisera un Don Johnson méconnaissable, et fera le bilan de sa vie, et réfléchir à la direction à prendre.
Cette deuxième saison confirme tout le bien qu’on pense de la série, et de son héros. Assez peu commune sur le fond, Eastbound & Down se révèle assez performante sur la forme, aidé par 7 épisodes assez ramassés (on pourrait voir cela comme un long métrage en 7 parties). Kenny Powers est détestable, et nous on l’aime.