Il est également banal de lire
« tout ça pour ça ! » Cette petite phrase laisse entendre que le premier ministre restant en place, il n’y a pas véritablement de changement. C’est à la fois vrai et faux. Là encore une grande première sous la 5ème République : on ne sait plus trop bien lequel des deux a choisi l’autre ? Sarkozy a-t-il choisi une fois de plus Fillon, ou Fillon s’est-il imposé à Sarkozy ? Là encore un peu des deux, et cette situation très nouvelle permet à Libération de titrer superbement
« Fillon garde Sarkozy » … Changement profond par rapport à une époque où
Georges Pompidou remerciait un
Chaban Delmas au top de la popularité.
En y regardant de plus près on notera des mutations très significatives pour une dernière partie de mandat qui prendra très rapidement l’allure d’une
campagne engagée pour la réélection de 2012.
Alain Juppé en N°2 et ministre d’ Etat,
MAM aux affaires étrangère à la place du « french doctor »… Pour parler franc le resserrement
UMP et encore plus directement
« RPR » du nouveau gouvernement est la marque du devoir impérieux pour le Président-candidat de
resserrer les boulons, de
bétonner son camp en vue du premier tour.
Et
les centristes, direz-vous ? Ils payent une fois de plus leur pusillanimité, leur incapacité à s’organiser véritablement et demeurent une force d’appoint du deuxième tour seulement. Il était évident depuis longtemps qu’entre un
Morin ici, un
Bayrou là, la discorde inorganisée des centristes étaient irréductibles et la mise à l’écart de
Borloo qui reprend une liberté dont il ne saura que faire ne fait qu’accentuer le trouble. On peut même suspecter une certaine gourmandise à le voir s’émanciper, s’ajoutant aux prétendants déjà bien nombreux à la représentation de ce point géographique toujours décrit jamais bien défini. Flirtant avec la pagaille qui va envahir cette partie de l’échiquier, Borloo risque d’y ajouter
une variable agitatrice supplémentaire. Ajoutons à ce salmigondis une petite louche de
Villepin et l’affaire est faite pour un score désordonné de
la nébuleuse centriste au premier tour de la future présidentielle. Il est certain qu’il vaut mieux pour Sarko 4% ici, 4% là et encore 4% ailleurs que 12% en bloc. Il suffira pour une future réélection que le même trouble s’empare de la gauche, c’est en bonne voie et l’affaire sera faite. De nombreux évènements peuvent venir, bien sûr, perturber un tel schéma et il y aura toujours l’impérieuse nécessité d’une grande réactivité. Encore fallait-il mettre en place les bases solides sur lesquelles cette réactivité doit pouvoir s’appuyer ; c’est fait.
Le PS ne fait guère preuve d’originalité en dénonçant
la droite dure ; ils auront tout le temps d’éprouver, pour ce qui les concerne, la gauche dure! Pour le centre ce sera le retour de l’Etat RPR ! L’originalité n’est donc pas, là aussi, au rendez-vous. Qui en doutait ?
L’écoute des critiques n’est pas le moindre des plaisirs que procure cette tempête dans un verre d’eau : les mêmes qui demandaient tout l’été
la tête d’Eric Woerth, viennent pleurnicher sur une mise à l’écart qui ne ressemblerait qu’à une couardise … Même chose pour
Rama Yade et Amara, souvent qualifiées de gadgets de la diversité et sur lesquelles sont déversées des larmes de crocodile bien tardives.
Cette note n’est qu’une simple analyse politique et l’on pourrait même dire “politicienne”; elle ne préjuge absolument pas du sentiment général, du ressenti des Français, pas plus que de celui de l’auteur : il ne s’agit ici, que d’essayer de décrypter la stratégie du Président de la République en vue de sa réélection.