Cette expression me vient de Sol, idole de mon adolescence académique, source de mon
inspiration philosophique, maître de mes délires linguistiques. Ses trois mots géniaux résument ce côté victime qui s'active quand nous succombons à la Loi de l'action-réaction. Taquinons
prudemment ce tyran récalcitrant!
Le rire ne fait pas partie de ses passe-temps favoris.
Notre pôvre petit moi commence dès le berceau sa carrière de bourreau. Il hurle à pleins poumons son malheur? On accourt l'envelopper de douceur! Action. Réaction.
Il saisit vite le manège, notre brillant stratège. Et apprend à user de séduction à coups de lamentations.
Son bureau des plaintes est ouvert jour et nuit. Il cultive l'art de faire pitié avec virtuosité. Martyre incomparable, ses calvaires sont insurmontables, ses bobos
incurables, ses problèmes incalculables. Gare aux cœurs charitables!
Pour lui, un seul fait demeure. L'auteur de ses malheurs se trouve ailleurs.
Fervent croyant de ce leurre, notre terroriste nous tourmente à l'intérieur. Parce que le coupable de nos perceptions erronées ne se trouve pas chez le voisin, dans
la famille, au bureau, à toute volée! Désolée...
Le coupable est en moi. Je le deviens en coupant l'action de la réaction. Action en moi. Réaction des autres. Action des autres. Réaction en moi.
Je change ce coupable en responsable, quand je m'approprie les actions et les réactions. J'assume la création de mes pensées, paroles, émotions. Je prends
conscience de mes perceptions, toutes catégories de bien et de mal confondues.
Lorsque j'assume à la fois l'action et la réaction de mes choix, je suis maître des résultats. Pour assurer mon équilibre, je me demande : Pourquoi me suis-je fait
arriver cela? Et la réponse me rend libre... Chaque fois!
Instantanément, je redeviens capitaine de mon voilier. Mon pôvre petit moi reprend son rôle de moussaillon, tout en haut du grand mât de mes ambitions.
Grâce à cette voix, je perçois mes limites dépassées, mes peurs inavouées, mes défis anticipés. Elle me rappelle que je suis l'unique responsable de mes actions et
réactions. Riche de sa présence, je me connecte à ma puissance.
Vous voyez! Elle n'est pas si pôvre ni si petite que ça, notre frêle suppliciée!
Dominique Allaire