De toute ma Vie, vagabond en errance
De ville en ville, sans défis ni méfiance,
Je traine ma carcasse ; quand vient la nuit,
Me cache sous un arbre, dors sans ennui.
Une Nuit que je dormais par lassitude,
Je voyais dans un rêve un mage en études
Qui me proposait un étrange défi ;
De vivre avec un seul sens sans répit.
Je n'osais même pas lui répondre par peur ;
Mes yeux ne croyaient pas cette scène de stupeur,
Je me réveillais mal de cette séance,
Choisir un seul sens de préférence…
Je marchais en titubant et pensais,
Quel est le sens des cinq, le plus sensé ;
L'oeil est un organe très important
Mais ne peut être vital et compétent.
Je troquerai ma vue par un bon chien
Et une canne me fera beaucoup de bien.
Je pourrais ainsi avec un effort
Oublier mon handicap inconfort.
Les deux organes à proscrire avec joie ;
Le nez et la langue, Les sens des bourgeois.
Qu'on nomme le Sentir et le goûter,
Que je peux facilement knock-outer.
Le nez nous permet de sentir l'odeur,
C'est l'odorat avec ses mille senteurs.
La langue est l'organe du goûter des mets
Salés, sucrés, froids, chauds, enflammés.
Je n'ai rien à attendre de mon ouïe
Qui est mal au point ; ça me réjoui,
Je pourrai m'en passer bien sans regrets
Car je n'ai remarqué aucun progrès.
Je ne garderai qu'un seul sens pour moi,
Il est aussi important que la foi ;
Au moins je ne mourrai pas sur le bûcher
Par la perception du feu par le toucher.
Ainsi, soit-elle la Volonté de dieu,
Amputé de quatre sens, qui dit mieux ;
Certes amoindri et même handicapé,
Je tiendrai à cette vie telle un rescapé.