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«Ce roman est tiré d’un fait divers rapporté par plusieurs journaux japonais en mai 2008»Le narrateur, Shimura-san, est un quinquagénaire vivant seul, en célibataire, dans une grande maison des faubourgs de Nagasaki. Sa vie, disciplinée et ordinaire, est consacrée à son travail de météorologue. Il se décrit comme un «pas grand-chose»..«Je cultive des habitudes de célibataire qui me servent de garde-fou et me permettent de me dire qu’au fond, je ne démérite pas trop».Sa vie change le jour où, rentrant chez lui plus tôt que prévu, il se rend compte que certains objets ont été légèrement déplacés. Depuis quelque temps il éprouve l’impression d’entrer comme par effraction dans sa propre maison bien qu’il en ferme la porte à clé désormais, contrairement à son habitude. . Il inspecte alors le contenu de son frigidaire et, grâce à une règle graduée, il remarque la baisse de niveau d’une de ses boissons.«Quelqu’un s’était servi. Or, je vis seul ».Dès ce moment, il est persuadé que quelqu’un entre chez lui dans la journée. Cette certitude se renforce chaque jour. Il se décide alors à placer une caméra dans sa cuisine et à en observer les images de son bureau. Très vite il voit passer la silhouette d’une femme. Il est sûr désormais que quelqu’un s’est installé chez lui, à son insu. Pendant quelques jours il vit mal à l’aise, attentif aux moindres bruits, aux moindres détails.Lorsque l’image observée de son bureau prouve enfin très nettement la présence d’une femme chez lui, il appelle instantanément la police quitte à le regretter immédiatement. Après tout cette femme est inoffensive : elle ne le gêne pas, ne salit tien, ne détruit rien. C’est comme un fantôme.Mais il est trop tard et la police découvre la cachette de l’intruse. Un procès s’ensuit, suivi d’une incarcération.Commence alors le récit de la prisonnière et l’on découvre ce qu’elle n’a pas voulu confier au tribunal : les véritables raisons de son comportement, plus complexes qu’il ne semblait.C’est un très beau récit sur la solitude, la difficulté des rapports humains, les lieux d’habitation tour à tour protecteurs et destructeurs, l’anonymat des grandes villes, le poids du passé, les technologies envahissantes et la fragilité des identités.humaines.Nagasaki, Eric Faye, Stock, 2010, 108 p, Grand Prix du Roman de l'Académie Française, 2010