Dans ce post, il sera question du projet d’art le plus important dans la programmation de Ruhr2010. Malheureusement je vous en parle alors qu’il n’en reste que le souvenir, car quelques unes des installations ont été démontées au début du mois de septembre. Heureusement, j’y avais fait un tour cet été en juillet, parce qu’à l’époque du finissage, j’étais sur les plages de Sardaigne à bien profiter du soleil italien avant la longue traversée hivernale allemande.
Le projet Emscherkunst a rassemblé une vingtaine d’installations conçues par 40 artistes différents le long de la rivière Emscher, qui traverse la région de la Ruhr de Recklinghausen jusqu’à Duisburg. Le but de cette initiative était, entre autres, d’attirer l’attention du public sur cette rivière très polluée, symbole de la reconversion de la Ruhrgebiet de région industrielle à haut-lieu de la culture contemporaine.
Les installations étaient parsemées sur les rives et aux alentours de l’Emscher et parfois n’étaient pas visibles de loin, donc il fallait les chercher et les découvrir peu à peu. Je garde un très bon souvenir de cette journée estivale passée à tourner parfois en rond à la recherche d’une œuvre d’art !
Parmi les projets qui m’ont le plus interpellée, je ne peux pas manquer de citer la station de recherche de Marc Dion, sur les rives du Herner Meer, une bassine d’eau lieu de rencontre, picnic et baignade pour les habitant des alentours. Il s’agit d’un ancien réservoir à gaz trouvé sur le lieu depuis lequel on peut admirer, surtout au petit matin, toute la diversité d’oiseaux typique de cette région. A l’intérieur, c’est une atmosphère un peu plus « vintage », comme si l’on était dans le cabinet d’un spécialiste en sciences naturelles, avec toute une série d’ouvrages de consultation sur le thème de l’ornithologie, objets et gravures anciens. L’artiste lie ici son intérêt pour la représentation de la nature à travers la science avec la réflexion sur le statut particulier que la nature a dans le bassin de la Ruhr. Sur le site de l'exposition, vous trouverez une vidéo intéressante où l'artiste explique comment ce projet est né (en anglais).
Près de l’installation de Marc Dion, se trouve la sculpture de l’artiste Bogomir Ecker, qui s’élève à 20 mètres sur les eaux du canal Rhein-Herne, annoncée de loin par l’installation sonore de Bülent Kullukcu, à laquelle elle est associée. La sculpture évoque par ses formes et sa couleur les jeux de constructions des enfants. Très ludique !
Parmi les coups de cœur il y a aussi le travail du groupe hollandais Observatorium, qui a proposé un module d’habitation temporaire sur les rives de la rivière Emscher à l’intérieur du Nordsternpark à Gelsenkirchen. Une nouvelle façon d’habiter et de faire l’expérience de cette rivière, dans les petites chambres, à mi-chemin entre sculpture et architecture.
Bien sûr, nous avons aussi eu des grosses déceptions, par exemple face à l’installation de Ayse Erkmen sur l’ancienne tour de stockage du charbon à la Schurenbach Halde (Essen) : l’artiste turque a posé sa sculpture en forme de balustrade dorée sur le toit de la tour comme si c’était une couronne. Ou face au projet de Tobias Rehberger: on aurait dû s’informer avant de se rendre à Oberhausen où l’artiste de Francfort a proposé la construction d’un pont piéton sur le canal Rhein-Herne. Les travaux sont en cours et on dit que cette œuvre d’art et d’ingénierie sera prête début 2011. Rendez-vous donc à cette date pour des nouvelles !
Un autre endroit où on va sûrement retourner, c’est le Berne Park : après des longues recherches (pas facile à voir les panneaux !), nous nous sommes rendu compte que dans la zone où auparavant se trouvaient les adoucisseurs d’eau de Bottrop peu de travaux étaient présents. Les installations lumineuses de Mischa Kuball et de Lawrence Weiner étaient déjà là, mais celles de Piet Oudolf et GROSS.MAX n’étaient pas encore abouties (elles y sont maintenant et seront permanentes).
Cependant, nous avons bien profité de la journée passée à chercher des endroits pas faciles à rejoindre en voiture (conseil : partez en vélo!) en découvrant des quartiers et des coins perdus au milieu des champs, des usines, des terrains vagues, du paysage fluvial, notamment la Emscher Insel et le quartier de Bottrop Ebel, dont nous avons adoré la tranquillité sournoise d’été et les petites maisons parées de drapeaux allemands (pleine période de Coupe du monde !).
Voilà une excellente raison pour partir découvrir les œuvres d’art contemporain du projet Emscherkunst !
Emscherkunst, eine Insel fuer die Kunst
commissaire: Florian Matzner
29 mai - 5 septembre 2010
entre Oberhausen et Recklinghausen