Le titre est un programme à lui seul ! A la vue de ce long-métrage "old school", l'hystérie m’envahi et je ne puis dès alors plus que m’exprimer en « abusant » de points d'exclamation. En français ça donnerait « Le Retour de l'unijambiste ». Superbe ! On pense évidemment aux héros manchots hongkongais interprétés par les Jimmy Wang Yu et autre David Chiang, mais aussi à ce personnage japonais de Tange Sazen, manchot et borgne de sa condition, mise en scène dans des dizaines et des dizaines de films, notamment sous la houlette des Sadao Yamanaka ou encore Hideo Gosha (ça c'est pour les plus connus). La Corée du Sud nous offre à son tour son anti-héro de cinéma d'action. Lee Doo-yong dégaine un Returned Single-legged Man / Dolaon oedari (1974) qui nous en met plein la vue. Avec qui ? Un unijambiste ?! Pas vraiment, puisqu’ici le héro tient bien sur ses deux jambes !
En Chine, dans les années 30, trois malfrats tentent de mettre la main sur Yong-cheol pour remplir un contrat dont il est la cible. Ce dernier qu'on surnomme "Le Tigre" est un clochard qui se perd dans la boisson et qui n'a plus la force de vivre. Mais l'arrivée de ce trio va faire ressurgir son passé...
Returned Single-legged Man est une délectation de tout les instants. Un spectacle tonitruant qui a une valeur inquantifiable tant le bonheur nous anime devant les exploits des personnages. Le kitsch côtoie le sublime qui lui-même côtoie le ridicule qui côtoie... les mots me manquent ! Il faut voir les accoutrements qui habillent certains personnages (une spéciale pour le trio de malfrats dont l'un est armé de deux hachettes qu'on croirait tout droit sorties du film de Chang Cheh et Pao Hsueh-li : Le Justicier de Shanghai avec le sublime Chen Kuan-tai), les acteurs abonnés à un "sur-jeu" risible même dans les moments les plus tragiques. Voir Han Yong-cheol distribuer des coups de pied à tout va sans jamais poser le pied à terre, voir les japonais camper les méchants de service (ah, la rancune tenace). C'est juste génial ! Il y a un plaisir incommensurable à profiter d'œuvres comme celles-ci ; du grand cinéma d'action vintage qui diverti, rend enthousiaste et donne simplement la "banane". Les scènes d'anthologies sont bien évidemment à la pelle : l'affrontement sous l'eau, Han Yong-cheol courrant vers son père adoptif, le trio qui s'entretue ou encore ce final abrupte qui rappelle inexorablement certaines fins très "cut" des films de la Shaw Brothers. Les acteurs sont, quant à eux, faussement charismatiques mais irrésistibles (on croirait même voir le sosie - en plus petit - d'Elvis Tsui Kam Kong). L’histoire de vengeance est prétexte à un grand n'importe quoi. Returned Single-legged Man c'est tout ça à la fois et plus encore ! Alors quoi de mieux que d’aller le (re-)découvrir pour s'évader l'espace d'une heure et demi tout en prenant son pied.
Merci à la section KOFA-FFCF Classiques 2010 de nous offrir de telles perles à l'image des éditions précédentes. Et si ce Festival Franco-Coréen du Film devait exister, se serait pour ces films témoins d'une époque, de ces films qui prennent toute leur ampleur avec les années, de ces films qui se savourent comme un bon cru, de ces films au charme fou... Returned Single-legged Man est de ces films "old school" dont on se délecte à chaque instant...
I.D.
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