GABEGIE LA MAGNIFIQUE ! La suite de la grande enquête du Delanopolis sur les ratés de l'informatique municipale.

Publié le 14 novembre 2010 par Delanopolis
Le Delanopolis poursuit cette semaine sa grande enquête fitzgeraldienne sur un des plus monumentaux ratés du delanoisme municipal. Une des principales conclusions auxquelles sont parvenus les magistrats financiers est la "difficulté municipale à cerner le périmètre des dépenses informatiques ".

o Remarquez, ces dérapages incontrôlés ne sont pas bien graves : tout cela gonfle en effet les dépenses d’investissement dont les thuriféraires de Delanoë nous expliquent régulièrement que l’augmentation est le signe évident d’une bonne gestion !!! Et puis, surtout, pourquoi se gêner puisque comme l’ont constaté à leurs dépens les magistrats des comptes, nul n’a connaissance du coût global de l’informatique municipale.

o Quelques citations édifiantes : « Les investigations réalisées ont mis en évidence deux types de difficultés : la première tenant au manque de lisibilité des documents financiers qui retracent les dépenses imputables à la fonction informatique, alors que la seconde est relative aux problèmes de l’évaluation des coûts de la modernisation (…). Le chiffrage des dépenses informatiques est particulièrement malaisé, car il n’existe aucun document d’ensemble. En définitive, les mandats imputés à la mission SDI (le schéma informatique municipal) représentent pour la ville une dépense moyenne de près de 31 millions d'euros par an (hors investissement pour l’informatique scolaire et industrielle).

o « Incertitudes relatives au coût de la réalisation des investissements ... : l’observation du budget d’investissement de la DSTI permet de constater une sous consommation des autorisations de programme. Deux remarques peuvent être faites : le taux d’engagement comptable des autorisations de programme ouvertes ne dépasse jamais 50 % à partir de 2004 et l’existence de reports importants d’une année à l’autre n’empêche pas d’inscrire des montants élevés au budget de l’année suivante » (en d’autres termes, les inscriptions faites depuis des années au budget d’investissement sont de pur affichage NDLR) ; « pour la seule DSTI, le montant total des autorisations de programme engagées s’élève à 155 millions d'euros, auxquels il faudrait ajouter les 45 millions d’autorisations de programme restant à engager en fin de SDI …). Les données figurant dans le budget 2008 montrent que le stock d’autorisations de programme votées est passé de 189 M€ à près de 222 M€ !"

o « Une discordance a été constatée entre l’évaluation du coût des investissements dans le SDI et sa traduction dans le plan d’investissement pluriannuel pour Paris (PIPP). Il est malaisé de connaître avec suffisamment de précision les coûts de fonctionnement prévisionnels lors de la phase préparatoire du SDI. En effet, à quelques semaines d’intervalle, le rapport final récapitulant les propositions arrêtées par les groupes de travail chiffre le besoin à 89,8 M€, alors que le dernier comité de pilotage du 15 novembre 2002 évalue le besoin à un peu plus de 103 M€."

Que sont 14 misérables millions d'euros après tout quand les Parisiens paient sans en rien savoir !

o « La ville n’a pas été en mesure de fournir un état consolidé des dépenses de fonctionnement informatique(…) La ville aurait dépensé en moyenne près de 12,4 M€ par an en fonctionnement (hors personnel) pour l’informatique ».

o « L’évolution des dépenses fait apparaître le poids croissant des opérations de maintenance tant sur les logiciels que sur les matériels. Cette évolution est à mettre en relation avec la progression de l’investissement informatique. Si la DSTI souligne qu’une attention particulière est désormais portée sur plusieurs postes relevant du fonctionnement et notamment les dépenses de consommables, il reste que la maintenance constitue un enjeu majeur de l’évolution des dépenses et devra être l’objet d’un suivi rigoureux (car) les coûts cumulés d’exploitation et de maintenance, sur plusieurs années, peuvent s’avérer supérieurs aux coûts des projets nouveaux ».

o « Carences dans la comptabilité patrimoniale » : « Comme la chambre l’a déjà signalé dans un précédent rapport d’observations, l’état de l’actif ne permet pas d’avoir une vision précise du patrimoine informatique de la ville par nature de biens (postes de travail, imprimantes, logiciels...). Les déficiences du système informatique de la ville expliquent le défaut de production d’un état complet des actifs immobilisés, les numéros d’inventaire étant affectés aux mandats et non aux opérations d’investissement (…). La ville n’a pas été en mesure de fournir les données comptables relatives aux amortissements pratiqués, soulignant que cet « amortissement est en effet réalisé de façon globale sans différencier ce qui relève de l'informatique. ». Seul petit problème : il y a cinq ans, quand la CRC avait fait ces remarques, le conducator de la gestion publique avait expliqué que la situation sur l’état du patrimoine était le fruit de la gestion désastreuse de ses prédécesseurs et qu’il allait redresser tout ça, on allait voir ce qu’on allait voir ! Ca fait dix ans qu’il est maire et nous sommes comme sœur Anne…

o En conclusion, la Chambre régionale des comptes pointe la difficulté de la ville à fournir des données financières fiables en ce qui concerne le coût global de la dépense informatique, notamment dans le cadre du SDI alors que celui-ci est suivi dans une mission spécifique.

A ce stade de la lecture, on pourrait penser que la cour est pleine … Et non : les magistrats des comptes en ont encore dans leur besace, comme nous le verrons la semaine prochaine ...