Un prince capricieux. Nicolas Sarkozy concentre des critiques à la hauteur des espoirs déçus. La mémoire est volatile. 2007 fût pourtant l’année de la Sarkomanie où, on allait enfin moderniser la société avec un président jeune revendiquant sa rupture avec l’héritage Chirac et son immobilisme.
Trop vite, trop fort, la sortie de route a été rapide et brutale confirmant que le pire ennemi de Nicolas était Sarkozy lui-même. La suite du mandat doit être regardée à cette aune. A ce président vibrionnant fasciné par son image et condamné tôt ou tard au même sort que Narcisse.
Aujourd’hui, le rejet du Chef de l’Etat est solidement installé dans le pays, allant se nicher jusque dans son propre camp. Fillon III, c’est un peu la revanche du serpent à plumes mais le gagnant n’est pas forcément celui qu’on croit. Ce n’est pas parce qu’en apparence il s’est fait forcer la main que Nicolas Sarkozy ne reste pas un fin tacticien.
Son Premier ministre est devenu trop encombrant, adulé par la majorité parlementaire, plébiscité par les sondages ? Et Alors ? Le Chef de l’Etat lui réserve un sort à la Rocard : l’exposer, l’user patiemment comme le ressac pour mieux lever l’hypothèque. Le fusible est revenu dans sa boîte prêt à griller à la première surchauffe dans un exécutif désormais affiché comme beaucoup plus dual.
Sorti du champ du droit à de multiples reprises autant que des us et coutumes de la présidence, Nicolas Sarkozy devrait désormais soigner son image, se faire plus discret. Tout changer pour ne rien changer et continuer à tirer toutes les ficelles depuis l’Elysée. Le seul but de ce remaniement est de donner le change, de faire oublier la crise sociale et les scandales d’Etat.
Un nouveau casting et ça repart. Fillon va continuer à faire du Fillon et jouer les faux garants des valeurs de la République alors qu’il est le vrai complice de son détricotement. A cet égard les révélations selon lesquelles les services du Premier ministre étaient informés depuis 2009 des demandes de ‘fadettes’, puis d’écoutes téléphoniques de journalistes sont explicites.
Le bon mot revient finalement, et ce n’est pas un hasard, à l’égérie d’un FN dopé par les appels du pied de l’Elysée. A Marine le Pen quand elle se moque de la pantalonnade gouvernementale : “On va avoir Monsieur Fillon le repris de justesse et Monsieur Juppé le repris de justice“.
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