Sur le terrain du film d'animation, les magiciens du studio Pixar tiennent la dragée haute depuis de nombreuses années maintenant, tant du point de vue de la richesse des scénarios développés que de celui de la technique employée et la beauté des visuels proposés.
Alors que Pixar s'envolait vers les cimes de l'animation, les studios Dreamworks déversaient sur les écrans des films d'une laideur visuelle de plus en plus achevée (à de rares exceptions près), bâclant scénarios et dialogues, tirant l'animation vers le bas, alors que le médium permet au contraire de traiter intelligemment de thèmes forts et profonds. C'est donc avec les yeux exorbités que l'on découvre le miracle How to train your dragon, véritable merveille visuelle et scénaristique, issue du même studio coupable de Madagascar et Gang de requins.
Prenant pour cadre le grand Nord du temps des Vikings, How to train your dragon (adaptation du livre éponyme de Cressida Cowell), raconte l'histoire de Harold, jeune viking ne partageant pas la culture de ses aînés consistant à chasser le dragon, mais cherchant malgré tout à se faire une place parmi sa tribu. Il parviendra à se rapprocher d'un dragon redouté de tous, le Night Fury, et découvrira à son contact la vérité sur le monde des dragons, apportant un changement fondamental dans les moeurs et la mentalité des siens (la dernière scène du film, faisant écho à son ouverture, sera à ce titre d'une émotion bouleversante).
Proposant des paysages de toute beauté à la puissance d'évocation immédiate, le film éblouit d'entrée par le soin apporté aux décors, parvenant ainsi à créer en quelques images un univers crédible, un monde dans lequel les êtres fantastiques côtoient les humains dans un quotidien où les dragons sont considérés comme des éléments parasites qu'il faut éradiquer. La normalité de l'affrontement entre vikings et dragons nous est ainsi présentée dès le départ, nous plongeant d'emblée parmi cette tribu, ses moeurs, son sport national, en somme.
Développant un propos sur les préjugés et l'ignorance entraînant de facto l'incompréhension, How to train your dragon ne bascule jamais dans le film à message moralisateur, mais aborde ses thématiques de manière respectueuse envers son spectateur (à la différence d'un Ratatouille par exemple, la seule fausse note estampillée Pixar), et en faisant avant tout appel à la mise en scène pour aborder son discours.
Mais c'est dans l'émotion que le film de Chris Sanders trouve sa plus grande force. En effet, qu'il s'agisse de rires, de tendresse ou de souffle épique, How to train your dragon parvient à nous attraper par le coeur, le ventre et la rétine, et à ne plus les lâcher jusqu'à la fin de la projection. Les images du films parviennent à ce titre à plusieurs reprises à proposer des plans véritablement grandioses, résumant à eux seuls ce que peut recouvrir l'héroic fantasy (le dragon géant traversant les nuages à la fin du film, ou encore ce plan voyant le héros tomber dans le feu et le Night Fury volant à sa rescousse).
How to train your dragon constitue au final une excellente surprise, un film d'une émotion de chaque instant, magnifiquement réalisé, qui prouve que Dreamworks peut parvenir à confectionner des oeuvres d'animation de haute volée. Espérons que cette exception ne soit pas celle qui confirme la régle.