Who's travelled far, and cries for rest?
"Not I," said the oak tree.
"I won't share my branches with no sparrow's nest;
And my blanket of leaves won't warm her cold breast."
On pourrait croire qu’il s’agit là d’une chanson traditionnelle, qui aurait traverse les siècles pour arriver jusqu’à nous, sur une mélodie que l’âge aurait acheminé vers la perfection. C’est en fait une œuvre de Paul Simon, chantée en duo sublime avec Art Garfunkel. Bien sûr, le thème du « monde cruel » est classique, mais ce poème va plus loin, en énumérant les prétextes futiles de l’indifférence à la souffrance d’autrui, et le cynisme de ce que certains appellent « La Loi Naturelle ». Le dernier vers est une citation des mots de la Genèse (3.19), prononcés lors de la cérémonie des rameaux : « Tu es poussière et tu retourneras en poussière ». Il s’agit de l’une des conséquences du « Péché originel » : l’homme devra « gagner son pain à la sueur de son front », la femme « enfantera dans la douleur », etc. Tout cela pour avoir « écouté la voix de (la) femme ». On ne mesurera jamais assez à quel point cette vision a imprégné ce que l’on appelle notre « culture » et nos « valeurs ». La religion chrétienne n’est, du reste, pas la seule à véhiculer de telles idées, sur lesquelles sont fondés tant de préjugés et d’injustices.
Le monde irait pourtant mieux si nous oeuvrions tous ensemble pour faire face aux fléaux auxquels nous sommes confrontés, qu’ils soient naturels (les « catastrophes naturelles » !) ou créés par l’homme lui-même. Cela irait sans doute mieux aussi si nous écoutions plus souvent la voix des femmes :
Par exemple, celle de Aung Sann Suu Kyi, qui vient enfin d’être libérée !
Le Moineau
Qui aimera un petit moineau
Epuisé par son long voyage ?
« Pas moi » dit le grand chêne,
« Pas de nid d’oiseau dans mon beau branchage.
Il ne se réchauffera pas sous mon feuillage »
Qui aimera un petit moineau
Et lui parlera gentiment ?
« Pas moi » dit le cygne.
« Y penser seulement est extravagant.
Les autres cygnes se riraient de moi, méprisants »
Et qui voudra bien prendre en pitié
Et nourrir un moineau affamé ?
« Pas moi » dit le blé doré
« Je voudrais bien, mais je ne pourrai jamais.
Tout mon grain doit être semé pour germer »
Qui aimera un petit moineau
Et son épitaphe écrira ?
« C’est moi » dit la Terre
« Car tout ce que j’ai créé revient à moi.
De poussière tu es fait, poussière tu seras »
(Traduction - Adaptation : Polyphrène)