Ô mon Bassin

Publié le 18 octobre 2010 par Jean-Robert Bos

Ö mon Bassin

Ton eau désormais turbide ne m’incite plus à tremper mes pieds,
Car je ne les vois plus, mes petits petons et il me faut me méfier,
De cette perfide vase fluide qui déchausse ce bon varech,
Et se répand en colique insidieuse dont il faut faire avec.

Je ne reconnais plus le sable doré de ma petite enfance.
Ce ventre souillé, qui me semble malade ; le bassin est-il mort
De la densité des coques estivales qui flottent à outrance
Et qui libèrent à petit feu leur poison pour lui régler son sort

Il me faut penser que les choses changent et cela à ma décharge
Sauvages étaient les chalands ; aujourd’hui on les nomme des barges.
Et les parqueurs d’antan, ces jardiniers des mers, ne régulent plus guère
Les espaces marins et l’onde se pollue sans ce bon savoir-faire

Il ne manquerait plus au mépris de la santé publique que bientôt
Des panneaux nous indiquent alors : attention aux éléments radios.
Actifs seront alors les pouvoirs pour redonner bonne mine
A ce site attrayant dont l’air aujourd’hui ne sent plus la résine.

Mon épouse martine se pique les mollets dans les spartines
Elle crie de douleur invoquant les dieux et déesses du lieu
Pour toute réponse le bon st Eloi lui envoie les matines,
Mais les clarines n’apaisent pas sa douleur ; elle ne va pas mieux

Il ne faudrait pas qu’un exode massif venu d’autres régions
Envahisse ce bijou d’aigre marine qui se meurt en silence
Et accélère son  trépas annoncé mais sans mauvaise intention ;
Mais il est trop tard, quoi qu’il se passe, il est déjà sans défense

François veillon