Magazine Culture

Cinéma, potes et amitié

Publié le 14 novembre 2010 par Abelcarballinho @FrancofoliesFLE


lespetitsmouchoirs1

Cette année, une bonne dizaine de longs métrages racontent des histoires de copains.Le 7e art renoue avec un genre dont le maître reste Claude Sautet.

Le dernier, pour le moment, " Les Petits Mouchoirs", de GUILLAUME CANET, qui en dit sur  la sensibilité du moment:  le film souligne l'égocentrisme des 25-35 ans et la perte des repères des hommes face aux femmes. Le tout vu à travers une bande de copains.

Guillaume Canet, 37 ans est loin d'être le seul cinéaste de sa génération à se passionner pour ces thèmes. Quinze ans après Friends, les états d'âme de potes sont au cœur de plusieurs séries américaines comme Entourage, How I met your mother et How to make in America.

Au cinéma, cette année, plus de dix buddy movies ou bromance (contraction de brother et romance), comme disent les Américains. Entre Thérapies de couples avec Vince Vaughn, Copains pour toujours avec Adam Sandler, Les meilleurs amis du monde avec Marc Lavoine et bientôt Mon Pote de MARC ESPOSITO avec Benoît Magimel et Édouard Baer (sortie le 1er décembre) puis Encore un baiser de Gabriele Muccino (29 décembre), la tendance est nette.

«Depuis La Belle équipe de Julien Duvivier (1930) avec Jean Gabin et Charles Vanel, le film de copains est un genre qui revient régulièrement», souligne le critique de cinéma Alex Masson. Cette fois, le genre est parti pour rester un bon bout de temps à l'affiche car les quadragénaires aux commandes du cinéma français sont friands de ces films générationnels.

THOMAS GILOU  tourne La Vérité si je mens 3 avec Richard Anconia, Vincent Elbaz et José Garcia. DANY BOON, 44 ans, autre spécialiste des films sur l'amitié, reviendra le 2 février 2011, avec Rien à déclarer aux côtés de Benoît Poelvoorde, Karin Viard et François Damiens. Comme leurs héros à l'écran, beaucoup de ces réalisateurs travaillent avec leurs copains.


Guillaume Canet a grandi dans l'industrie du cinéma avec sa bande née dans les années 1990 au Café du Trésor à Paris: le producteur Alain Attal, Gilles Lellouche, Laurent Lafitte et François Berléand.

Ce genre doit beaucoup aussi à Stéphane Célerier, directeur général de Mars distribution, l'un des hommes les plus influents du cinéma. À 42 ans, il est «le» distributeur de films de copains des années 2000, de L'Auberge espagnole aux Poupées russes de CEDRIC KLAPISCH  en passant par Nos jours heureux jusqu'à La Vérité si je mens 3.

«Ce sont des films qui ressemblent à nos vies, commente Stéphane Célerier. On peut s'y projeter. De Peter's Friends aux Copains d'abord à Nous nous sommes tant aimés, j'ai beaucoup de films de référence. » Comme Guillaume Canet, il a été marqué par les succès des années 1970 comme Vincent, François et les autres de Claude Sautet ou Un éléphant ça trompe énormément d' YVES ROBERT .



C'est à la fois de la nostalgie pour ces années bénies ou supposées comme telles et la volonté de marquer eux aussi leur époque. «C'est le meilleur sujet à prendre quand on veut s'exprimer à titre personnel», analyse Stéphane Célerier.

L'amitié entre hommes


En 2010, comme 95 % des films de copains, les scénarios tournent autour de l'amitié entre hommes. Aujourd'hui, ce thème a un écho particulier. «À notre époque, il est paradoxalement plus difficile d'être copain entre hommes qu'avant-guerre, constate le psychiatre Stéphane Clerget, auteur de Comment avoir de vrais amis (Albin Michel). Les hommes sont mal à l'aise entre eux. Ils ne se font plus la bise. » À l'écouter, la parité a porté un coup fatal à l'amitié masculine. «La notion de couple a beaucoup évolué, poursuit-il. Les hommes ont découvert les amitiés mixtes. C'est très nouveau d'être ami avec une fille sans sous-entendu sexuel. Quand ils se marient, les hommes ont à la fois une épouse et une amie. Elle a pris la place des copains.»

Pour Marc Esposito, «les hommes des années 2000 sont aussi beaucoup plus immatures et moins ancrés dans une vie stable que ceux des années 1970 au même âge ». À l'heure de Facebook, ces films de copains comblent aussi un manque. « Les 25-35 ans sont le fruit d'une éducation où l'amitié n'a pas été valorisée, ajoute Stéphane Clerget. Dès la maternelle, on sépare les copains. Les quadragénaires n'ont pas appris les valeurs d'amitié comme leurs aînés. » À l'instar de Guillaume Canet, nombreux sont ceux qui l'ont appris à leurs dépens. Ils pourront se consoler au cinéma.

Les copines investissent le grand écran

Pendant presque soixante-dix ans, les films de copains ont été exclusivement masculins. S'il y avait une fille dans le scénario, c'était une femme pour laquelle les copains allaient se déchirer, comme Romy Schneider dans César et Rosalie, de Claude Sautet.


En 2010, dans une comédie dramatique comme Thelma, Louise et Chantal, avec Caroline Cellier, Jane Birkin et Catherine Jacob, les rôles se sont inversés. Deux d'entre elles convoitent leur ex, Thierry Lhermitte.


Ce phénomène est tout à fait nouveau et n'est pas limité au cinéma français. Après Tout pour plaire, Comme t'y es belle, on a pu voir cette année trois films de copines: Sex in the City 2, Tout ce qui brille et La Vie au ranch. «La parité n'est pas violente, car le cinéma reste un univers très masculin, mais les réalisatrices comme Lisa Azuelos commencent à s'imposer, et à Hollywood, plusieurs studios sont dirigés par des femmes», remarque le critique Alex Masson.

À la différence des films de potes, ceux des filles comme Tout ce qui brille sont plus profonds et plus porteurs. «À la différence des garçons de leur génération, les filles de 30-40 ans sont à l'aise avec l'amitié  », souligne le psychiatre Stéphane Clerget. Du coup, leurs films révèlent davantage une tendance sociale et politique.

source: article de Lena Lutaud  pour Le Figaro cinéma 22/10/10


Retour à La Une de Logo Paperblog