Ce soir, c’est Shout Out Louds, quintette venant tout droit de la froide et rugueuse Suède, qui vient fouler le sol lyonnais, un nouvel album (Work) sous le bras. Le Marché Gare, salle lyonnaise à la programmation aussi erratique qu’incertaine, les accueille à bras ouverts en ce saint 16 octobre 2010.
Arrivée malheureusement trop tardive pour apprécier la première partie, Baden Baden, mais la salle est déjà bien blindée et la lutte se fait ardue afin de pouvoir profiter du show des Nordiques dans des conditions optimales. Places assurées, la patience est de mise en attendant le changement de plateau. Le doute s’installe vite, le groupe met un temps par-delà les limites de la décence à s’installer, un mauvais présage qui, malheureusement, ne fera qu’annoncer la teneur du set, car je ne vais pas te le cacher plus longtemps, lecteur, la performance des Suédois a été au-dessous de toute espérance, visant avec une incroyable et très nette précision le minimum syndical.
Certes, on ne peut nier qu’en studio, Shout Out Louds est un groupe qui sait se défendre avec de nobles armes (mélodies qui se fixent au cerveau à la première écoute, lyrics décentes, production raffinée…), mais la prestation live, si elle ressert les morceaux du groupe dans l’approximatif même état, s’écrase avec classe et conviction, retombant pour le coup au niveau de n’importe quelle pouilleuserie pop insipide pullulant aujourd’hui. Je commence par quoi ? Le son est juste assez fort pour ressortir en ayant perdu les trois quarts de ses capacités auditives, juste assez mal équilibré pour ne pas entendre le clavier, le groupe joue avec juste ce qu’il faut de conviction pour penser qu’ils s’en battent littéralement les reins avec une vigueur non négligeable, Adam Olenius, au micro, oubliant les paroles de ses morceaux avec une régularité métronomique… Un concentré de « juste » qui suffira à Shout Out Louds pour livrer un set précisément mou du fion et sans saveur aucune. Dommage, car lorsqu’on connait les qualités du groupe, la déception s’avère réellement légitime, on arrive d’ailleurs à percevoir le talent mélodique des Suédois par moment, petites poches d’espoirs vites éclatées par un gros pain du batteur ou la remise en place de la mèche défaillante du chanteur, oubliant d’un coup qu’il se trouvait devant un micro.
Le tout reste donc fastidieux, le genre de groupe qui parait à peu près intéressant vu du bar avec la dose de bière de secours en sus. Déconvenue si large que la seule solution reste la fuite, on passera donc sur le rappel afin de noyer son chagrin à base de séries Z bancales et de plats de pâtes douteux…
Crédits photo : Alexandre Roth-Grisard