O boucles! O parfum chargé de nonchaloir!
Extase! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir!
La chevelure, que Baudelaire dessine, peint, caresse, sent, pèse, orne de bijoux, est sombre, brune, d’Asie et d’Afrique, langoureuse et brûlante, enivrante. Ce sont les cheveux d’une femme décrits par un homme.
Pour nous guider dans l’exposition, nous suivons Shu Qi dans un couloir sans fin, brune actrice de Millenium Mambo, un film de 2001, l’année de Mulholland Drive, film de David Lynch, où se rencontrent une brune et une blonde.
La Cinémathèque nous fait ainsi voyager dans le temps et les images (fixes ou animées), photographies, peintures, extraits de films autour de cette différence : la couleur des cheveux. C’est, semble-t-il, la première fois qu’on s’attache à analyser cette question de la chevelure féminine. On ne le croirait pas, puisque poètes, peintres, sculpteurs, photographes, cinéastes ont joué du volume, des ondulations, de la longueur, des teintes, vrais cheveux, perruques, depuis de nombreuses années.
Pourtant, il est saisissant de découvrir l’histoire et la géographie de la chevelure féminine, de prendre conscience que la longueur peut exprimer domination masculine, idéologique, ou émancipation selon l’époque et le lieu, de prendre le temps d’observer les gestes de la coiffure (s’arrêter devant la vidéo de Marina Abramovic se coiffant dans une performance intitulée Art must be beautiful, Artist must be beautiful)…
Certes, les rivalités s’expriment entre blonde et brune, mais aussi les passions. Jeanne d’Arc au bûcher sera Renée Falconetti ou Jean Seberg, le cheveu court définitivement. Des liens apparaissent entre les arts à travers la trame de la chevelure.
L’exposition est aussi l’occasion de création : une sculpture de cheveux de poupées, qui se voit de loin puisqu’elle entoure le toit de la Cinémathèque, et des courts-métrages.
A visiter jusqu’au 16 janvier 2011 (cliquer sur l'affiche).