… ou une sportive.
NDLR : Ce papier a été mis en ligne dimanche matin, quelques heures avant le remaniement. Pas de sportif à l’horizon mais un duo composé de Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative et de Jeannette Bougrab, secrétaire d’état à la jeunesse et à la vie associative.
Le remaniement étant proche, les pronostics sont nombreux quant au choix des regroupements ministériels et des heureux lauréats (et peut-être aussi des malheureux futurs interlocuteurs).
Pendant longtemps il fut de tradition que jeunesse et sport soit une combinaison permanente des dénominations ministérielles. Les résultats n’en montraient pas la pertinence ni l’utilité mais la tradition perdurait. Nous avions cru en 2004 que les choses évoluaient avec la nomination de Luc Ferry au ministère de la jeunesse, de l’éducation et de la recherche, et que plus rien ne serait comme avant. Jeunesse et éducation cela avait de la gueule et l’avantage de donner une perspective et de permettre de synergies. Or voilà que pile poil au moment où cela commençait à fonctionner, Luc fit ses cartons et un certain Jean- François, ex-champion olympique de son état donc nécessairement qualifié, voulu élargir son terrain de jeu du sport à la jeunesse. Le résultat fut fameux et marqua tous les esprits. Après les présidentielles, la jeunesse passa des sportifs aux médecins, un sacré signal, pour un intermède temporaire, Roselyne chauffant la place pour l’as des casinos et rugbyman de son état B. Laporte. Quelques mois après être arrivé aux sports, notre Bernard récupera… La jeunesse.
On résume donc la situation : après Lamour, la jeunesse passa à Laporte… Tout un programme. Dans les 2 cas, le sport professionnel y a sans doute gagné, le sport amateur beaucoup moins, quant à la jeunesse…
Car à part la lutte contre l’obesité infantile et l’usage de stupéfiants (points communs avec la santé), et le corps de certains fonctionnaires, on ne voit pas bien ce qu’ont en commun la jeunesse et le sport.
C’est sans doute pour cela que la dernière période changea un peu la donne : s’ennuyant avec les solidarités actives Martin Hirsch augmenta son périmètre (décidément une manie) et s’égara une année à vouloir réinventer la politique jeunesse national avec son livre vert accouchant du service civique, de l’ouverture très réduite du rSa aux jeunes et de perspectives budgétaires peu encourageantes pour le secteur associatif. Depuis le printemps, il a été remplacé par Marc-Philippe Daubresse qui allie lui aussi les solidarités actives à la jeunesse mais avec le titre de ministre cette fois. Ces deux derniers ont pour eux d’essayer de faire vivre une dimension interministérielle sur la jeunesse ce qui est déjà une bonne chose.
Aussi après avoir été mariée de force au sport, à l’éducation, à la santé et désormais aux solidarités actives, la jeunesse aspire à un peu de stabilité et surtout à ne pas être la dernière roue (ou l’additif temporaire) d’un carrosse de sportifs en mal de reconnaissance gouvernementale.
Donc en gros, si nous voulons une politique jeunesse digne de ce nom et bien que les perspectives budgétaires soient désastreuses, et malgré votre amour du sport, evitez svp, monsieur le Président, de nommer un sportif à la jeunesse. Elle ne le mérite pas.
Photo adaptée à partir d’une photo de Benjamin Lemaire sous licence Creative Commons Paternité 3.0 Unported