Bon, je sais ce que vous allez dire… Pourquoi diable être allé voir ce septième volet de la saga Saw alors que j’ai déjà sauvagement descendu en flammes les quatre épisodes précédents? Serais-je masochiste ? Oh oui, Ilsa, sors le fouet…
hum, pardon…
Non, si je suis allé voir ce film, c’est qu’il s’agit – les producteurs l’ont promis – de l’ultime épisode de la série, annoncé comme le plus spectaculaire, s’il-vous-plaît. Je me suis dit qu’il serait dommage de rater ça après m’être infligé tous les volets d’une série qui, à l’exception du premier opus – très bon – et, à la rigueur, du second, baigne dans la médiocrité, pour ne pas dire la nullité…
Et puis, par esprit de contradiction, en ce jour où l’on célèbre officiellement la gentillesse, j’avais envie au contraire de me défouler et de dire du mal d’un nanar, le pourfendre d’une plume fielleuse et de jeux de mots prévus de longue date : “les saw 7 sales”, “les saw 7 qui puent”, “les saw 7 de l’archidussesse chont-elles chèches archichèches?”…
Mince, le titre ce n’est pas Saw 7… Ah, les cons! Ils ont transformé le titre en Saw 3D : Chapitre Final… Tous mes beaux jeux de mots tombent à l’eau…
Bon, eh bien va pour le relief… C’est déjà ça…
Ah ben non, même pas… l’UGC Orient-Express annonçait la diffusion de Saw 3D, mais n’a pas qu’une copie 2D… Ah, bravo… L’arnaque totale…
Après tout, ce n’est pas plus mal, parce que les bouts de tripaille qui volent hors de l’écran, ça ira, merci… De toute façon, on espérait surtout que ce soit l’intrigue qui ait un peu de relief… Alors, qu’en est-il?
Hé bien, après une introduction spectaculaire mettant dans une situation délicate une femme et ses deux amants rivaux, et se terminant, comme dans tout piège de Jigsaw, par la mise à mort du membre du trio le plus douteux moralement, on retrouve les personnages du film précédent là où on les avait laissés.
Les héritiers de John Kramer, décédé d’une tumeur au cerveau, on le rappelle, depuis la fin du troisième opus, continuent de laver leur linge sale en famille. (Notamment leurs sawssettes, il fallait bien la placer, celle-là…).
Dans l’épisode précédent, Jill, l’ex-femme de Kramer, avait pour mission de se débarrasser d’Hoffman, flic ripou et fils spirituel du psychopathe, car celui-ci avait perverti le côté moral des épreuves proposées aux infortunés candidats, en ne leur laissant aucune chance de survie… Elle pensait avoir réussi en lui faisant porter le plus célèbre piège de Jigsaw, le casque/mâchoire. Las, le bonhomme, très malin, a réussi à s’en sortir et entend bien faire de Madame Jigsaw sa prochaine victime…
Jill cherche protection auprès d’un flic du département des affaires internes, ennemi juré d’Hoffman…
Pendant ce temps, un nouveau jeu commence – sans doute en pilotage automatique – avec nombre de nouveaux pièges gratuitement sadiques.
Le participant, Bobby Dagen, est un homme ayant obtenu gloire et fortune en se vantant d’avoir survécu à une des épreuves du tueur au puzzle. Ce qui est faux, bien sûr…
Kramer, qui avait laissé ses instructions a ses complices, a décidé de lui donner une chance de prouver sa bravoure, à travers un vrai parcours du combattant. Pour tenter de sauver ses proches et la femme qu’il aime, Dagen va devoir payer de sa personne et faire des choix cruels…
Bref, rien de nouveau sous le soleil (façon de parler, le film se déroulant une fois de plus dans des bâtiments désaffectés glauquissimes…) : on assiste à une succession de mises à mort plus perverses les unes que les autres (piège progressant au gré des décibels produits par les hurlements de la victime, double énucléation, pendaison, carbonisation, j’en passe et des meilleures…), juste pour meubler le vide abyssal de cet ultime scénario et donner aux fans leur dose d’horreur bien gore et de tortures spectaculaires. Et on a droit une nouvelle fois à un “twist” débile faisant intervenir un énième disciple/complice de John Kramer.
Bigre! Le bonhomme devait avoir une sacrée fortune pour acheter autant de hangars désaffectés, les équiper de matériel de surveillance, dispositifs de fermeture high-tech, et écrans de télévision destinés à passer ses enregistrements, les truffer de pièges sophistiqués, et engager dans sa multinationale spécialisée dans la torture moralisatrice tous ceux qui ont survécu à ses épreuves sadiques…
On pourrait gober ça, si on ne nous avait pas révélé, dans un des épisodes précédents, que le mobile de Kramer était lié au refus d’un assureur véreux de financer le traitement de son cancer.
Je suis peut-être idiot, mais n’aurait-il pas mieux fait d’utiliser son argent pour se soigner, ou pour mettre sa femme à l’abri du besoin, plutôt que d’investir dans tous ces pièges gigantesques? Bon OK, avec ce raisonnement, il n’y a plus de film… Mais là, c’est quand même du grand n’importe quoi…
Il y a quand même un changement de taille dans la franchise : cette fois, le rebondissement final est ultra-prévisible, ce qui désamorce considérablement une partie du suspense. Voilà ce qui arrive quand on modifie le script à la dernière minute, juste pour satisfaire aux exigences de quelques fans… Oui, oui, vous avez bien lu : des spectateurs, fidèles de la série, sont intervenus auprès de la production pour façonner le scénario de cet épisode selon leurs désidératas…
Ca aussi, c’est du grand n’importe quoi…
Bref, Saw 3D : Chapitre final est aussi ridicule que les autres volets de la série, se contentant de reprendre paresseusement le même schéma narratif et les mêmes effets horrifiques. Kevin Greutert avait signé, avec – oh, hisse – le Saw 6, le moins mauvais des quatre derniers épisodes, mais il semble avoir fini lui aussi par renoncer, nous offrant une mise en scène d’une platitude totale…
Et ce n’est pas le jeu des acteurs qui relève le niveau, loin de là… Bien sûr, les personnages sont totalement inconsistants, mais ce n’est pas une raison pour les confier à des comédiens aussi fades et inexpressifs.
J’ai déjà eu l’occasion de dire ce que je pensais de la performance de Costas Mandylor/Hoffman, mais le bonhomme, aussi mauvais soit-il, a malgré tout plus de charisme que la plupart des participants de ce septième opus, qui jouent par ailleurs comme des pieds (et sans sawssettes… hi hi hi…)
Le seul intérêt de ce film semble définitivement être la 3D, qui n’a pourtant pas l’air d’être très bien exploitée, ou alors insuffisamment… Cela dit, n’ayant pas vu le film en relief, je laisserai le bénéfice du doute à Kevin Greutert. D’autant qu’une ou deux scènes (la scène des pointes, notamment) ont l’air particulièrement efficaces…
Espérons que ce Saw 3D : Chapitre final soit effectivement le dernier volet d’une série qui n’en finit plus de s’essouffler et de ruiner tout le capital sympathie que l’on pouvait éprouver pour le premier épisode.
Cela dit, la dernière fois qu’on nous a annoncé un “Chapitre final”, c’était dans le quatrième épisode de la saga des Vendredi 13 et ça n’a pas empêché les producteurs de livrer sept (!) suites supplémentaires et un remake, plus une suite du remake actuellement en préparation… Et comme le dénouement du film est une fois de plus une fin ouverte, il est à craindre que, motivés par l’appât du gain, les producteurs ne se lancent dans une huitième sawtise. Une de plus et une de trop…
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Saw VII – 3D : the final chapter
Réalisateur : Kevin Greutert
Avec : Tobin Bell, Costas Mandylor, Cary Elwes, Betsy Russell, Sean Patrick Flanery, Chad Donella
Origine : Etats-Unis
Genre : saw-ssette qui pue
Durée : 1h27
Date de sortie France : 10/11/2010
Note pour ce film : ●○○○○○
contrepoint critique chez : Bebealien’s world
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