Bien entendu, rien à voir avec les fétichistes qui sévissent parfois sur les étendoirs des ménagères. Il s’agit de malfrats qui préfèrent s’en prendre désormais aux grossistes ou magasins de lingerie fine, sans doute est-ce moins dangereux – parce que moins surveillé que les bijouteries, grandes surfaces ou casinos. Et tout autant rémunérateur à en juger par le titre du dernier casse en date Paris : les voleurs dérobent 150 000 € de petites culottes (Le Parisien du 2 nov. 2010).
La lingerie de luxe devient une cible privilégiée. Avant ce dernier casse survenu dans une boutique de lingerie fine de la marque Darjeeling, dans le XIVe arrondissement de Paris, où les cambrioleurs auraient fait main basse sur l’ensemble des produits, aussi bien exposés dans les rayons qu’entreposés dans les réserves, plusieurs vols à peu près similaires avaient déjà eu lieu depuis un an. Ainsi, en septembre 2009 à Brest, des cambrioleurs dérobèrent-ils également 150.000 EUR de butin aux Folies d’Eugénie (Télégramme de Brest, 8 sept. 2009). Pillage systématique, dont les nouvelles collections. Il fallait donc qu’ils soient très bien renseignés selon la propriétaire du magasin.
En mars 2009, un commando d’une dizaine d’hommes cagoulés s’était attaqué à un entrepôt de la société de lingerie Barbara situé à Chaumes-en-Brie (Seine-et-Marne) y dérobant entre 150.000 et 200.000 euros de lingerie après avoir séquestré le gardien et sa famille.
Je n’avais pu m’empêcher de faire un parallèle avec un autre casse survenu peu après : 500 000 € d’argenterie volés au domicile de Bernard Tapie (Le Parisien du 4 nov. 2010)… Le voleur volé ! Avouez qu’il y a quelque chose de bien fendard.
Le juge Thierry Jean-Pierre avait pu parler de «Casse du siècle» s’agissant de la quasi faillite du Crédit Lyonnais : une perte de 120 milliards de francs en 1993 (2,5 millions d’euros actuels). Sans doute les prêts à Bernard Tapie n’étaient-ils pas seuls en cause mais ils n’ont pas contribué à améliorer la situation. Encore une fois, il faudrait un thriller pour relater les diverses tribulations du Crédit Lyonnais.
En ce qui concerne la dernière arnaque de Tapie – avec la complicité de Sarko et Lagarde – je vous conseille l’intéressante lecture de l’article de Laurent Mauduit dans Marianne n° 700 du 18 au 24 sep. 2010 : «Comment Tapie empoche 220 millions». Que j’ai lue en son temps sur la version papier. Instructif ! J’ai dû de surcroît manquer un important cours de droit des affaires car l’on m’avait enseigné que s’il est tout à fait possible pour les commrçants de passer par un tribunal arbitral – à condition que le contrat comporte une clause dite “compromissoire” – celui-ci ne peut jamais intervenir après une décision de justice. Or, la Cour de cassation avait donné tort à Bernard Tapie ! Encore une fois, la légalité est foulée aux pieds par ceux qui nous gouvernent. Grrr !
Il faudra aussi que l’on expliquât aux personnes qui sont expulsées parce qu’elles ont des dettes ou ne peuvent régler leurs loyers comment et pourquoi Bernard Tapie a pu conserver son hôtel particulier de la rue des Saints-Pères ! Et ce, en dépit de décisions de justice. Et aussi, comment tous ses bien meubles de quelque valeur ayant été saisis à l’époque – il en fut assez marri ! – il peut posséder aujourd’hui 500.000 euros d’argenterie. Vivant sur un pied des plus modeste et sans nulle envie de luxe, j’ai d’ailleurs du mal à imaginer ce que cela peut représenter concrètement. Avec mon habituelle verve moqueuse, j’aurais pu tout aussi bien intituler un article «Au bonheur des… ménagères» ! Et des parvenus.