Paul Auster – Trilogie New-Yorkaise

Par Pikkendorff

Jeu d’ombres et de lumières, d’identités partagées, d’identités volées.  Une écriture étrange, dépouillée, simple, avec de longues digressions curieuses et intéressantes.  Une lecture lente pour le solitaire, un imaginaire riche pour lecteur patient, une traduction fine qui rend service à une œuvre littéraire décalée.

Thriller.  Le téléphone sonne.  Daniel Quinn, romancier, par curiosité, prend la place de ce Paul Auster, détective privé.  Répondant à l’appel de Mme Stillman, il surveille Peter Stillman senior lors de sa sortie 14 années de prison.  Peter Stillman, son fils, sa victime, ne dors plus.  Le mystère s’épaissit.  Quinn vit, pense, est Auster.  Peter Stillman erre dans New-York apparemment sans but et pourtant ses trajets tracent des signes. 

De thriller la nouvelle devient une angoissante chute.  Cette mystérieuse relation entre Henry Dark et Peter Stillman, ce curieux Paul Auster qui n’est même pas détective, Peter Stillman et Peter Quinn, le fils disparu de Quinn et les Stillman qui ne répondent plus… 

Un jeu de lumière toujours quand, sur commande de l’invisible M Blanc, Monsieur Bleu surveille Monsieur Noir finissant par lui offrir un black & white en parlant de Monsieur Lerouge et perd sa couleur, son identité, le fil de son existence. Une sorte de bis repetita de la première partie sous un angle différend, un exercice de style.  De nouveau, reviennent les thématiques de l’identité, de soi, des mots, de leur valeur, de leur signification.

Intéressant cette explication de l’Amérique puritaine qui fit de la chute de la Tour de Babel, le  messianisme américain.  Quelques belles balades les rues de Manhattan.

Au final, je trouve un sentiment d’inachevé, trop de longueurs amollissent l’imaginaire, l’étonnement.  Le premier, la Cité de verre est abouti, le deuxième est expédié et le troisième est long.  Il fut refusé par 17 éditeurs et j’avoue comprendre les comprendre.  Le 18ème y a cru et ce fût le premier succès de Paul auster en 1985.

Merci à Brice pour cette idée de lecture quelque peu décalée dans lepost-modernisme psychanalytique.

  

Collection BABEL 1996, 426 pages, première parution par Actes Sud en 1991, traduction par l'excellent Pierre Furlan