Seule sur scène, juste précédée du guitariste Alexandre Meyer, Julie Nioche s’harnache de bracelets de cuir pour quitter le sol, comme Hermès et ses talonnières. Elle s’installe dans une installation de fils tendus de poids de Roberval (Haut + Court, Didier Alexandre, Gilles Fer). Du Stelarc soft ?
Regard
blanc, un peu fermé. Impression d’un devoir à accomplir.
Pour le
spectateur, le poids crée la sensation de légèreté, ou plus exactement l’illusion de légèreté, qu'elle marche sur les airs comme d’autres marchaient sur les eaux.
La
lumière introduit une dramatisation.
Au
cirque, ce serait un exercice d’acrobatie assez passable. Mais il n’est pas question de prouesse.
Le
mouvement naturel du corps est à planifier, à réapprendre, c’est une rééducation.
Il
s’introduit dans un univers industriel : un pont de filins, suspendu, précisément ; une machinerie, un instrument de musique (le bruit des poulies, des poids qui frappent la scène. Aux cordes des
poids répondent les cordes de la guitare) ; une machinerie céleste, dont aucun astre n’agit sans mouvoir tout le système.
Beaucoup de vide.
Nos
solitudes : Julie Nioche
parle pour nous. Elle est toute petite sur le grand plateau de Pompidou, transformé en univers. Julie mioche se hisse dans un ersatz de nid, dans sa cabane, au milieu de semblants d’étoiles. Elle
se retire dans le sommeil. C’est une forme de refermement sur soi. Je retrouve H2O-NaCl-CaCO3 (que je n’avais
guère compris
en
2005) : Julie Nioche aime la confrontation solitaire avec la matière, une matière singulière, à géométrie
variable, transfigurée par le corps.
C’est
une expression de volonté. Franchement, elle tire les ficelles comme des tirants d’orgue, elle mène le jeu. Elle expérimente, pantin de soi-même.
♥♥♥♥♥♥
Nos
Solitudes, de Julie
Nioche, a été donné au
centre Georges Pompidou du 27 au 29 octobre 2010.