LA CARTE ET LE TERRITOIRE (Michel Houellebecq)
Prix Goncourt 2010
Quand on lit Houellebecq, on y va à reculons, presque méfiant, curieux
de savoir s'il va franchir certaines limites
Auteur adulé, critiqué, accusé de plagiat, il n'en reste pas moins symptomatique d'une époque toute dédiée aux
médias, à la dévalorisation de la culture.
Ici, qu'en est -il ?
Presque poétique, le livre s'articule autour de deux personnages, un photographe reconnu pour des clichés
artistiques de cartes Michelin et Michel Houellebecq lui-même, écrivain, exilé en Irlande, en accord avec une certaine vision du monde, suscitant un questionnement permanent autour de l'utilité
de l'art face à l'industrialisation (le consumérisme galopant de ce XXI° Siècle).
Dans ce livre on y croise Jean-Pierre Pernaud et surtout Frédéric Beigbegger, et on y suit une enquête
policière.
On est un peu surpris par la retenue exprimée, que l'on peut, à tort ou à raison, suspecter de cibler une forme
d'elligibilité pour le Goncourt maintes fois promis. Mais quoiqu'il en soit, on le lit sans déplaisir, se prenant parfois en flagrant délit d'accord avec l'auteur.
Pour mieux comprendre l'auteur, on peut se référer à un article de Frédéric Beigbegger.
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DES ECLAIRS (Jean Echenoz)
De Jean Echenoz, je ne rate
rien depuis le Meridien de Greenwich.
Difficile de décrire son style. On de lui qu'il écrit des romans géographiques, mais surtout des récits purement romanesques, ironiques, documentés, souvent légers.
Ce dernier ouvrage termine une trilogie sur des destins atypiques commencée avec RAVEL et COURIR (sur Emil
Zatopek).
Ici, il aborde la destinée de Nikola Tesla, un ingénieur serbe né en 1856, parti aux USA et considéré comme l'inventeur du courant alternatif, mais dont la renommée dans le milieu scientifique n'a pas été celle escomptée à cause des brevets déposés par Thomas Edison à la même époque.
Il raconte la destin de ce scientifique imaginatif qui va connaître bien des vicissitudes et peu à peu terminer sa vie, seul, isolé, ruiné. Il est à la fois visionnaire, mythomane, a plusieurs
idées à la seconde, les plus farfelues. Mais le style de Jean Echenoz est inimitable et nous fait approcher de très près cette folie de l'invention avec beaucoup de jubilation.