Bienvenue à Sinndni !

Publié le 13 novembre 2010 par Laurelen
La fameuse charte, ou shrat, ou sart, pour mieux introduire le créole dans l'usage quotidien, adoptée par la mairie de SaintDenis, a trouvée son illustration pratique tout récemment par la mise en place de panneaux bilingues à l'entrée de la ville. En haut, Saint-Denis, en bas, Sin-Dni. Ca a énervé beaucoup de gens, parce que, comme d'hab, et ce depuis 30 ans, la question du créole, de son écriture, de son usage, de son éventuel enseignement, est un débat récurrent et souvent violent. Au Pirate, on se fout un peu de ce débat, dont on nous rebat les oreilles depuis trop longtemps. On constate juste deux choses : 1/Le Sin-Dni est ridicule. Mieux aurait valu Sinndni, ou Sayindyiii, ou encore Sein de Nis. 2/Dans pleins de pays du monde, il y a des panneaux bilingues à l'entrée des villes. En Irlande, occupée par l'Angleterre pendant 700 ans, le gouvernement à décidé de mettre en avant les panneaux routiers en gaëlique, avec en dessous les noms des villes en anglais. Ainsi, quand vous vous rendez à Baile Àtha Cliath, sachez que vous allez à Dublin. Mais en France, quand on entre dans la riante commune du Croisic, on voit un panneau en Breton saluant votre arrivée à Ar Groazic. Idem pour l'île d'Ouessant, en fait Eunez Euse.
En même temps, le gaëlique est beaucoup plus compliqué que le créole. C'est une langue très rare, les linguistes ne savent même pas d'où elle arrive. Et si Gilbert Annette avait été maire de Dublin, il aurait été bien emmerdé : ça donne quoi Dublin en créole ? Dubline ? Le Croisic c'est pas plus facile : Lo kroisik ? Bon, assez moukaté. Contrairement à ce que pense Jacqueline Farreyrol, le créole est une langue. Et n'a pas besoin de panneaux pour le signaler. Contrairement au gaëlique qui a failli mourir de l'occupation anglaise, le créole n'a jamais été en danger. C'est une langue vivante, vivace, qui, comme les mauvaises herbes, s'accroche partout pour survivre. Puissent des Séraphine et des Gauvin nous préserver des gadgets en forme de panneaux urbains.

François GILLET