À la télévision comme au casino, doubler la mise ne signifie pas forcément doubler ses gains. En 1962, la chaîne ABC avait commandé deux séries mettant en scène les exploits de soldats américains durant la guerre elle les fit débuter quasiment en même temps au mois d’Octobre. La première c’est Combat! que nous avons déjà évoqué et la seconde dont nous parlons aujourd’hui, c’est The Gallant Men. Entre ces deux séries il n’y a que quelques différences à peine perceptibles. Les épisodes de The Gallant Men sont un peu plus longs (au format une heure) et ils se déroulent pendant la campagne d’Italie (alors que les soldats de Combat! se battent en France), « racontés » par un correspondant de guerre attaché à une compagnie d’infanterie. Sinon, c’est la même chose : la bravoure, les exploits, les balles qui fauchent les copains et l’ennemi qui apprend le prix du sang et des larmes.
L’extrait ci-dessous va vous donner le ton et vous montrer qu’il ne faut pas plus de cinq accessoires pour recréer en studio un champ de bataille.
Vous le savez déjà parce que j’ai vendu la mêche : cette série ne sera pas le succès de sa grande sœur Combat! Elle sera annulée au printemps de l’année suivante après vingt-six épisodes et ce n’est pas forcément une injustice. C’est la meilleure série qui a tenu face à la concurrence et, disons-le : la mieux faite.
Dans The Gallant Men, on a le sentiment que tout est toujours en dessous. Ce sont les mêmes histoires de batailles, d’amitié, de sens du devoir et de sacrifices glorieux, mais en plus lourd et plus pataud (un épisode avec un soldat blessé et une infirmière ennemie, un autre avec une ex-fiancée improbable). Les histoires les plus classiques (les indisciplinés débraillés qui se révèlent de splendides guerriers, le type qui choisit de rejoindre le front plutot que de rester au chaud derrière…) deviennent mécanique et on attend impatiemment la mitraille. C’est aussi moins réaliste que Combat! ou alors ça va tire ses cartouches trop vite (un épisode où le capitaine se retrouve au feu à côté de son frère cotoie un autre avec une comtesse à la mata-hari). Et puis comme vous l’avez constaté dans l’extrait, c’est très cheap quand même avec des rushes de films incrustés au montage pour simuler les batailles ou aérer avec quelques plans larges et qui ne s’intègrent pas super bien.
Le correspondant de guerre qui assiste à tout ça est interprété par Robert McQueeney qui a surtout joué dans des séries western et le capitaine courageux est joué par William Reynolds qui sera ensuite la vedette de la série The F.B.I (il avait eu auparavant le rôle principal dans The Islanders). La troupe qui s’en sort, c’est à dire ceux qu’on survivent dans tous les épisodes ce sont Robert Gothie, Roger Davis (Dark Shadows), Robert Ridgely (une voix de dessin animé), Richard X. Slattery (Mister Roberts, C.P.O. Sharkey), Eddie Fontaine et Roland La Starza. Pour les collectionneurs d’apparitions, il y a Robert Conrad en Sergent (c’est lui le frêre du front), James Doohan, James Best, DeForest Kelley ou Julie Adams.
Malgré son échec et sa disparition prématurée, la série donna quelques produits dérivés, dont un obligatoire Dell Comics, mais elle n’est toujours pas éditée en DVD à ma connaissance.
J.B.
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