Waga Seishun ni Muinashi (No Regrets for Our Youth) (Je ne regrette pas ma jeunesse). Sorti le 29 octobre1946
1946. Enfin, Kurosawa se libère de la chape de plomb de la censure militaire; c'est probablement pour sa nouvelle liberté de réalisateur qu'il rédige cet intertitre à la fin de son film : "War is lost. Freedom is won." Avec la défaite japonaise, c'est la fin de 15 années de régime militariste. Kurosawa a choisi son camp, celui des pacifistes qui s'opposent depuis les tout débuts à ce régime oppresseur. Toute la trame de fond de ce film réside dans l'opposition entre les deux camps. Sur cette trame de fond, on assiste au parcours d'une jeune femme, fille d'un professeur d'université congédié pour ses prises de position en faveur de la liberté d'expression (fait vécu, Takikawa Incident, 1933). Kurosawa trace un portrait de femme étonnamment libérée pour cette société japonaise qui est à des années-lumières du concept de la libération de la femme (quelle société ne l'est-elle pas, à ce moment-la?). Il en subira, d'ailleurs, les foudres de la critique et des milieux intellectuels.Voilà, c'est ici que commence l'itinéraire des chefs-d'oeuvre de Kurosawa. Avec la merveilleuse Setsuko Hara que j'ai tellement aimé dans les films de Yasujiro Ozu où on la retrouve à six reprises. Ci-dessous, un court métrage français, La disparue, retrace la carrière énigmatique de la plus célèbre actrice de l'histoire du cinéma japonais. Une destinée à la Garbo, toutes deux disparaissant prématurément de l'écran, au sommet de leur gloire et de leur art.