Il y a sans conteste un engouement ces jours-ci pour la première guerre mondiale. Je m’en rends compte avec la découverte du dernier livre de François Boucq et la toute récente annonce du service historique du ministère de la défense, ainsi, bien entendu, que le reportage d’A2 dont je vous parlais dans un précédent billet Au nom des pères. Sans nul doute que ces actualités sont liées au 11 novembre, mais la date de la commémoration de la victoire n’est que l’occasion propice de l’annonce de ces évènements. Leur apparition concrète n’est sans doute pas fortuite. Elles répondent à une demande, du public en premier lieu, mais aussi des auteurs qui s’intéressent à cette époque, tout comme les établissements publicset privés qui s’y investissent. Moi-même, pourquoi-donc m’y intéresse-je ? Un grand-père, poilu, malgré tout l’amour et l’admiration que je lui porte, n’explique pas cet engouement. Est-ce d’ailleurs le mot qui convient ? Fascination, serait sans doute plus adéquat… Mais de qui, de quoi, ces 4 années de guerre portent tant de symbolismes ? Miroir sans complaisance de l’Humanité, qui, malgré la descente aux enfers, l’ironique absurdité de la tragédie et l’horreur banalisée, continue de vivre.
Pour en revenir à l’actualité, concernant Boucq, il s’agit de la publication du magistral roman de Henri Barbusse « Le Feu ». Roman que l’on peut qualifier d’autobiographique dans la mesure ou il fut rédigé à partir des carnets que l’auteur, soldat du 231e RI, tenait journellement pendant les campagnes en Argonne de 1914 à 1916, avant d’être évacué et hospitalisé. Roman, mais aussi journal, car si conforme à la réalité que lorsque le public de l’arrière refusèrent la vision d’horreur que l’auteur relatait, tous les poilus lui apportèrent leur soutien. D’ailleurs, « le feu » fut un événement dans la littérature car, en recevant le prix Goncourt, et donc une exposition toute particulière, il fut l’une des premières œuvres mondialement reconnues à lorgner du côté du journalisme.Dans cette nouvelle édition, due aux Editons Invenit (19, rue du Bourg, 59320 Ennetires-en-Weppe), les illustrations de Boucq, toutes aussi percutantes que les mots de Barbusse, apportent et redonnent ce côté journal de campagne, que l’édition originale du roman,pour des raisons éditoriales que l’on conçoit aisément, ne pouvait porter.
Il est à noter que les illustrations de Boucq possèdent un tel pouvoir évocateur qu’elles ont été exposées par L’Historial de la Grande Guerre de Péronne en fin d’année dernière.
Autre événement, la mise en ligne du fond documentaire et des archives du Ministère de la Défense au travers plusieurs sites. Le premier, nommé « Mémoire des hommes », a été réalisé par la Direction de la Mémoire, du patrimoine et des Archives (DPMA) avec le concours du service historique de la Défense. Il propose en premier lieu les fiches du registre des soldats morts pour la France. J’aurai aimé retrouver celle de mon grand-père, mais, ayant réchappé à la grande boucherie, il n’y figure pas, heureusement pour mon père et pour moi… Par contre, il permet à ceux qui y ont perdu un parent de se réapproprier une mémoire, ne serait-ce qu’en obtenant le grade du soldat, la cause et le lieu de sa mort et de sa sépulture.
D’autre part, on peut aller plus loin, essayer d’appréhender le quotidien de son aïeul, tenter d’entrevoir ce qui fut leur parcours, et ce, grâce aux carnets de campagne des troupes françaises de la première guerre mondiale également numérisés. Il faudra que je fouille dans les archives familiales pour retrouver l’unité de mon grand-père afin de pouvoir consulter les journaux de son unité et ainsi retracer sa « carrière ».
Mais tout cela est bien froid. La rigueur militaire, les faits et les états de service, retranscrits sans états d’âme… Alors, il faut aller sur un autre site du ministère, celui de la Communication et de la Production Audiovisuelle de la Défense qui possède un fond iconographique impressionnant.
Et là, fouiller, car ici par contre, les outils de recherche restent bien sommaires. Dommage.