A light sleep suit les pas de Yeo-Lin, une lycéenne solitaire qui s’occupe seule de sa petite sœur depuis le décès de leurs parents. A la fois taciturne et enjouée, Yeo-Lin repousse sans conviction les avances de Joo-go, au grand dam d’une de ses camarades de classe qui elle se pâme d’amour pour lui. Les petites histoires de cœurs lycéennes sont loin d’être ce qu’il y a de plus intéressant dans ce délicat film. J’irai même jusqu’à dire que ce qui rend le film bancal, c’est justement ce sentimentalisme pas déplaisant mais mal maîtrisé scénaristiquement. Le film bénéficie d’une belle déconstruction narrative, zigzaguant entre les jours, mais autant le portrait de jeune fille qui se dessine au long du récit tient bien la route, notamment grâce à la délicatesse de la jeune comédienne Choi Ah-Jin, autant les trous laissés par l’errance narrative plombent par certains aspects le film.
Le point d’orgue de cette déception est la scène flash-back épilogue qui tombe comme un cheveu dans la soupe, loin d’être nécessaire et même cohérente. Mais la légèreté globale de l’œuvre, parcourant le film avec douceur, le rend tout de même charmant, à défaut d’être indispensable.
Oishi Man est de ces films dont j’ai du mal à exprimer les qualités, car celles-ci ne sont pas quantifiables ou clairement identifiables. C’est un cinéma du ressenti, et c’est ce trait qui cristallise les émotions devant le film de Kim Jeong-Jung. Le décor enneigé d’Hokkaido joue un rôle déterminant dans le film, il ne s’agit pas d’un simple décor, c’est un personnage à part entière, dialoguant presque avec les personnages.
Le froid, les sons, la musique qui parcourent Oishi Man en font un cocon cinématographique, une bulle d’oxygène dans laquelle on vit en décalé, à un rythme ralenti. Ce soin extrême étonne tant que dans les premiers moments du film, j’avais la sensation qu’il pouvait basculer dans le thriller. Mais heureusement non. Le film se contente merveilleusement d’être une errance poétique et bucolique d’un être cherchant à se sortir de ses doutes et à se régénérer, parcouru au passage de jolis moments de comédie dans les confrontations linguistiques et culturelles entre le coréen mutique et la japonaise iconoclaste.Inattendu, posé, réfléchi, délicat, Oishi Man est une belle révélation du Festival.