Avec sa victoire aux séries mondiales de poker (WSOP), Jonathan Duhamel va sans doute créer un précédent pour les mois et les années à venir en rapport au développement et à la démocratisation du jeu en ligne. La question se pose alors sur plusieurs tribunes: Est-ce une bonne ou une mauvaise chose?
Malheureusement, la bonne réponse n'existe pas à cette question et c'est pourquoi les opinions divergent autant. D'un coté, les risques du jeu compulsif et pathologique. De l'autre, les habilités de bien performer dans une discipline qui s'étudie et qui se pratique à différents niveaux. Au centre des deux camps, bien sûr, repose le poker et la nuance entre le jeu de hasard et d'habiletés.
Ça fait déjà une bonne semaine que le train médiatique s'intéresse à la victoire de Duhamel et les signes de constantes sont peu apparents. Les positions de tous et chacun semblent plutôt fermes et honnêtement, j'ai l'impression qu'un feu de paille est à prévoir dans le cas de l'intérêt vers le poker au sens large du public. Je m'explique.
J'ai gravité durant de nombreuses années autour et à l'intérieur des circuits de poker du grand Montréal. J'ai vécu l'ouverture et surtout la fermeture de plusieurs salon de jeu et les artisans, tout comme les utilisateurs, sont sensiblement toujours les même à quelques nuances près. En fait, le cercle des habitués contient toujours un nombre de membres réguliers qui se déplacent d'un lieu à un autre au lieu de créer un effet d'entraînement pour augmenter le bassin. En bref le poker, qu'il soit en ligne ou en salle demeure une activité marginale que plusieurs considèrent comme un loisir avant d'être une source de revenue stable. C'est d'ailleurs, pour la plupart des gens, la bonne approche. Le loisir de l'exercise devrait être au centre de la motivation des joueurs et c'est pourquoi seulement une minorité de passionnée peuve en vivre. Comme les sports en général, il y a beaucoup de pratiquants mais très peu de pros, c'est la loi de la moyenne.
En exposant de la sorte les succès de Duhamel, les médias traditionnels négligent souvent le parcours qu'il a suivi pour se rendre à cette sphère de jeu. Comme tout joueur sérieux, Duhamel a débuté à peu de frais dans un appartement aux frais minimum ou encore chez ses parents. Le risque initial, pour Duhamel ou tout autre aspirant joueur, est de consolider tous ses revenus pour se créer une cagnotte de jeu (bankroll en bon français). Ce que les gens négligent dans leur analyse de la situation c'est que le jeu, dans ce cas-ci le poker, est un savant calcul entre le risque et le gain potentiel, un peu comme à la bourse. On évacue souvent la routine du poker pour en extraire seulement les grandes pertes et les grandes victoires. Cependant, pour obtenir des courbes de variances qui sont réalistes, on se doit d'intégrer les fluctuations moins marquantes et surtout plus régulière.
Jonathan Duhamel connait cette routine, son entourage connait cette routine mais le grand public, malheureusement, n'est pas nécessairement informé sur cet aspect plus quotidien d'un joueur professionnel. L'impact concret : L'opinion se base sur un échantillon inexacte de faits plutôt que sur une vue d'ensemble bien étuditée. Logiquement, les opinions seront biaisées et les positions sembleront, dans la plupart des cas, bêtement radicals et hermétiques.
J'imagine que les solutions sont trop peu nombreuses pour contrer à cette éducation un peu approximative du grand public. Heureusement, l'engouement autour de la victoire de Duhamel sera bien éphémère et même si il demeurera une vedette sur le circuit mondial du Poker, Duhamel risque de redevenir relativement incognito lors de ses passages au Québec. Selon moi c'est pour le mieux car dans son approche, le grand public n'est pas nécéssairement prêt à concevoir ce genre d'avenue alternative de gagner sa vie. Les fluctuations ne sont vraisemblablement pas faites pour tout le monde, dans la vie comme dans les cartes.
Aux habitués du poker, profiter de la visibilité. La victoire de Duhamel risque de démocratiser un peu le poker dans nos casinos et, peut-être, mettre de l'eau au moulin dans la création de salles de jeu à l'extérieur du Casino de Montréal. L'état ayant le poker dans sa mire depuis plusieurs années déjà, la quiétude sera bénéfique aux joueurs occasionnels. Pour les autres, gardez en tête que l'élite d'une discipline, peu importe laquelle, repose toujours sur la passion et le travail et non sur la chance. Ne vous laissez pas berner par la nature du jeu.