Quand j'ai progressivement dépassé le stade des seuls dessins animés, ce fut d'abord pour des séries plus anciennes. La télévision n'étant pas la bienvenue à la maison, c'était de manière sporadique que j'entrevoyais cette culture. Je me rappelle de midis passés devant La petite maison dans la prairie (repère inaltérable qui transcende les générations). Mon père ayant vaguement pris en charge une esquisse d'éducation téléphagique indirecte, il entreprit de redécouvrir avec moi les années 50-60 : de Zorro aux Aventures de Rintintin, en passant par Au nom de la loi, ce furent donc mes premières séries télévisées. En résumé, les fondations de ma téléphagie furent basées dans le Far West..
Parallèlement, m'émancipant peu à peu, je me souviens que j'éprouvais déjà une certaine fascination pour les aventures télévisées lointaines. Aussi loin que je puisse remonter, le premier gros coup de coeur téléphagique qui m'est resté en mémoire est une mini-série que nous avions eu la bonne idée d'enregistrer sur une VHS que j'ai longtemps chérie, et qui se nommait Deux ans de vacances. Une adaptation d'un roman de Jules Verne que j'ai dû regarder jusqu'à en connaître les moindres dialogues. Parmi mes autres références de l'époque, il y avait également Rémi sans famille (la mini-série, pas le dessin animé).
Le thème musical du générique Deux ans de vacances (1974) :
La version des paroles est tchèque, mais la vidéo propose quelques images de la série.
Le générique français était le suivant : Lien vidéo.
Cependant, ma série préférée d'avant mes 10 ans est à rechercher dans les fictions contemporaines à cette période. A l'époque, les séries phares du milieu des années 90 (Lois & Clark et autres Highlander) n'avaient pas encore pris leurs quartiers sur M6, mais c'est pourtant sur cette chaîne que j'ai découvert, par moi-même, la première série pour laquelle j'allais volontairement abréger mes nuits (soit le symptôme typique d'une téléphagie en gestation). Une série qui a pu me faire lever aux aurores à la maison certains jours, qui m'a appris les rudiments du décryptage de programme télé pour en suivre la diffusion parfois un peu aléatoire, et qui m'a même fait comprendre un certain nombre de ressorts des adaptations littéraires à la télévision, puisque tous les romans de Walter Farley figuraient depuis bien longtemps dans ma bibliothèque...
N'empêche que, j'aurais été mes parents, je me serais sans doute méfiée dès ce moment-là des risques de glissements téléphagiques de leur fille.
L'étalon noir (The Adventures of the Black Stallion )
(1990-1993)
Il ne me reste de cette série que quelques fugaces images de scènes hors contexte et surtout une indéfinissable et profonde nostalgie, commune à toutes ces fictions qui ont bercé et marqué nos premières années de téléphagie et de conscience balbutiantes. J'éprouve toujours un petit pincement au coeur lorsque les paroles de la chanson du générique - que je connais encore intégralement - retentissent.
Sans doute mon attrait pour cette histoire d'amitié, pour cette aventure profondément humaine, fut pour partie conjoncturel, finalement reflet de goûts d'une confondante banalité. Le début des années 90, c'était l'époque où, dans mes lectures, je dévorais Mon amie Flicka, L'herbe verte du Wyoming et autre Crin-Blanc. J'ai aussi pratiqué l'équitation pendant plusieurs années. L'Etalon Noir avait en plus l'avantage d'être diffusé à un des rares moments où je pouvais prendre le contrôle de la télévision... Nous étions donc faits pour nous recontrer.
Au final, j'en garde de tendres souvenirs et presque une certaine mélancolie, ne regrettant pas un seul instant qu'elle m'ait accompagnée en ces prémices - indispensables en bien des façons - d'une passion pour les séries qui se confirmera dans les années qui suivirent.