Allain Bougrain-Dubourg et une dizaine de militants de la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) ont conduit une opération coup de poing dans les Landes (à Tartas) vendredi 12 novembre pour libérer une bonne vingtaine de pinsons des cages où ils étaient piégés.
Ce passereau est une espèce protégée et l'équipe de la LPO était dans son droit face aux braconniers qui attrapent illégalement ces petits piafs (ainsi que des rouges-gorges, des verdiers, des chardonnerets) pour les bouffer.
Dit comme cela, ça paraît clair que ces braconniers n'en menaient pas large. Tu pourrais même supposer que les gendarmes prêtent leur concours à cette action... Voire, demandons l'impossible, un garde-chasse désoeuvré qui traîne par là.
Sauf que ces braconniers qui posent ces cages appelées matoles (oui, ce sont ces mêmes cages grillagées qui sont utilisées pour choper les ortolans, eux aussi protégés) sont des viandards assumés. Des chasseurs connus et reconnus, qui exercent leur passion illégale au vu et au su de tout le monde. Les installations de matoles sont bien visibles depuis la route.
Car ces viandards entendent bien maintenir cette tradition conne, cruelle et illégale au prétexte que ça se fait depuis longtemps et que bla bla bla (ils se rappellent tous, émus, alors enfants, que leurs aieuls les amenaient à la chasse au pinson, à l'ortolan). Bref, on a droit à la séquence "Ce sont des traditions ancestrales bin de chez nous, ça reste marginal, on fait rien de mal, déjà que la chasse est trop réglementée, si en plus on nous retire ce plaisir..."
Mais pourquoi le préfet et l'ONCFS ne font-ils pas respecter la loi, demanderas-tu ? Car on parle bien de quelques 3000 piégeurs landais.
Parce qu'ils s'en foutent, déjà, de ces petits oiseaux et qu'en plus, il ne faut pas contrarier messieurs les viandards qui eux, votent et s'appuient sur un accord informel sans aucun support administratif (du genre un arrêté préfectoral) qui les autorise à braconner quelques milliers de pinsons en automne.
Tu l'as bien compris, cet accord a dû être conclu entre potes chasseurs autour d'une table copieusement garnie en boutanches.
Et rappelle-toi bien que, quoi qu'ils en disent, les viandards sont tous des braconniers en puissance, les deux faces de la médaille. Même quand ils n'ont pas le droit de tuer un animal, de pénétrer dans un lieu, ils le prennent.
Au pire, ça finira par une contravention non acquittée ou une peine dérisoire et symbolique.
Avec la racaille des talus, il faut être doublement méfiant; elle verse dans l'illégalité assez facilement.