Electric Wizard – Black Masses

Publié le 13 novembre 2010 par Hartzine

Prononcez les mots doom, drone, sludge ou heavy et vous provoquerez chez la ménagère de plus de cinquante ans des réactions égales à celle de la petite Regan face au Père Karras dans L’Exorciste (qui reveut de la purée de pois ?). Comme quoi l’appréhension naît souvent de l’incompréhension. Electric Wizardest pourtant issu de la même scène stoner qui verra naître des groupes comme Fu Manchu ou les ultras médiatiques Queens of the Stone Age, tout en se différenciant par l’apport d’un son lourd, voilé d’une aura noir. Leur album éponyme se rapprochera étonnement du Paranoid de Black Sabbath, saint Graal métaleux, avant que Dopethrone permette au combo de Dorset d’obtenir le statut culte qui lui reviens. C’est l’entrée dans l’âge d’or pour le groupe de Justin Oborn enregistrant les bandes originales de ses cauchemars les plus déviants comme Ozzy le fit en son temps.

Donc si vous m’avez suivi jusque là, pas besoin de faire partie d’une secte sataniste pour se plonger dans le ténébreux Black Masses, qui ravira les déçus du pourtant sublime Witchcult Today. L’album fétiche de ma sœur de six mois conquise par un retour à des sonorités seventies poisseuses et rouillées. Black Masses marque le retour des ambiances crades qui avaient fait la gloire de l’opus qui donna ses lettres de noblesse au stoner doom. Un déluge de sat’ ouvre le bien nommé Black Mass, morceau plombé de guitares ronronnantes aspirant la voix du très charismatique Jus Oborn dans sa spirale. Le Luciferien Venus In Fur n’a rien à envier à un de vos dimanches chez Ikea. Oubliez l’hymne du Velvet, pensez Jess Franco afin de vous plonger dans le stupre et la luxure version messe noire. Le chant lointain et nasillard du leader de ces troubadours du macabre hypnotise jusqu’à la damnation. Coincées quelque part entre flottement psychédélique et lourdeurs heavy, les mélodies ravagent nos méninges, redistribuant les cartes d’un métal cradingue comme les cartes d’un jeu de tarot à l’effigie des dieux obscurs cités dans le Nécronomicon. Même si Nightchild ne hache pas trois pattes à un connard, l’enchevêtrement de riffs de Turn Off Your Mind laisse le goût amer de l’acier au fond de nos bouches. A l’instar de leurs cousins de Church Of Misery, que les Anglais n’ont pas mis longtemps à surpasser, Electric Wizard appuie ses compositions d’un blues-rock bétonné (Scorpio Curse), perverti par les transes hallucinatoires du duo Oborn/Buckingham et pilonné par la batterie écrasante d’un Shaun Rutter maniant ses baguettes comme des marteaux de boucher. Mais qu’importent les qualificatifs, nous ne sommes pas ici devant une bande d’égorgeurs de poulets se vouant à l’avènement de Satan sur Terre, mais bien à un parfait combo heavy redessinant en musique (avec une bonne dose d’exagération, certes) la cartographie de frayeurs qui n’en finissent plus de traverser les âges (Patterns Of Evil).
Donc même si on dénotera une certaine répétitivité au fil de l’écoute, Black Masses se hisse au panthéon de la discographie de nos diablotins du doom pour son épaisseur salvatrice et son atmosphère crépitante. Un nouvel opus qui aurait rendu fou Lovecraft mais qui trouvera largement sa place durant les déjeuners familiaux dominicaux. Et c’est ma mère qui le dit !

Audio

Electric Wizard –Venus In Furs

Tracklist

Electric Wizard – Black Masses (Rise Above, 2010)

1. Black Masses
2. Venus In Furs
3. Night Child
4. Patterns Of Evil
5. Satyr IX
6. Turn Off Your Mind
7. Scorpio Curse
8. Crypt Of Drugula