C’est à Grenoble que Le Magasin présente la jeune scène italienne (jusqu’au 2 janvier). Il y a à la fois des artistes déjà un peu connus, Francesco Vezzoli, Paola Pivi, Claudia Losi (ci-dessus à gauche, avec ces deux cerveaux attaqués par l’acide, devenus poreux; je l’ai manquée dans le Pollino cet été), Lara Favaretto (vue à Sharjah, et qui, ici, occupe l’espace principal avec une armée tranquille de bouteilles de gaz soufflant dans des mirlitons (’Platone’) et des cubes de confetti de papier, l’un blanc, les trois autres noirs scintillants), Rosa Barba (qui a actuellement une exposition à la Tate Modern, et qui présente ici un projecteur vacillant sur son socle, avec le texte projeté errant de mur en mur), Salvatore Arancio (passionné de volcans; il avait une des présentations les plus intéressantes dans la section des jeunes galeries à Frieze), et beaucoup d’autres que je découvre ici.
Une belle découverte : le travail sériel de l’Italo-Suédoise Linda Fregni Nagler (è italianissima, con un fisico da modella ed una compostezza tutta nordica), qui aligne des motifs noirs et blancs, qu’on pourrait prendre pour des Rorschach (image en haut à droite), mais qui se révèlent être des photos d’un duo de femmes dans de strictes robes noires de deuil (Unidentified Mourners), les cheveux dans une résille, le visage caché (ça aurait plu à Bill Hunt). À quelle secte puritaine appartiennent-elles ? Ce sont deux femmes différentes, mais si semblables : le trouble s’installe. Ces photographies semblent n’être que des silhouettes, qui révéleraient les profondeurs de leur âme (j’en reviens à Lavater). C’est une série de douze photographies, très réussie.
Photographies de l’auteur, excepté Rosa Barba et Marzia Migliora, courtoisie du Magasin. Rosa Barba étant représentée par l’ADAGP, la photo de sa pièce sera retirée du blog à la fin de l’exposition.
Voyage à l’invitation du Magasin. Lire aussi la revue du Magasin.