Heat

Publié le 11 novembre 2010 par Flow

Heat.(réalisé par Michael Mann)

Dans la chaleur de la nuit.

En 1995, ce film nous promet un duel de titans inoubliable: Al Pacino vs Robert De Niro. Ces deux figures du cinéma américain, spécialistes des rôles de mafieux ne s'étaient encore jamais partagés la vedette à l'écran (ils s'étaient seulement croisés dans Le Parrain II). On pouvait redouter qu'au delà de l'effet promotionnel, ce duel n'ait rien à offrir. Mais c'était sans compter sur le savoir faire de Mann qui tisse autour des deux héros une toile âpre et dense. Une réussite.


A Los Angeles, une bande de truand prépare le casse d'un fourgon blindé. Alors que tout a été planifié pour que l'utilisation de la violence reste limitée, le petit nouveau abat froidement un convoyeur de fonds. C'est ces meurtres qui pousseront le détective Vincent Hanna (Al Pacino) a poursuivre la petite bande, créant ainsi un engrenage de plus en plus violent...

Un casting d'enfer.

La réussite du film tient à la solidité de son panel d'acteurs, c'est indéniable. A commencer par les deux têtes d'affiches qui campent parfaitement leurs rôles: Al Pacino, en flic opiniâtre mais au final usé par son métier est criant de vérité et à l'opposé (du moins en apparence) Robert De Niro campe, comme à son habitude, un criminel en demi-teinte, ni tout blanc ni tout noir, qui se retrouve dépassé par les évènements qu'il a lui-même engendrés. On aurait pu craindre que l'égo des deux stars ait du mal à cohabiter à l'écran mais il n'en est rien et chacun des deux s'efface au profit de son rôle respectif. Autour d'eux, les seconds rôles sont également portés par des acteurs excellents: Val Kilmer (qui a remplacé au pied levé Ray Liotta -dommage diront certains- mais il s'en tire bien), John Voight égal à lui-même, Tom Sizemore qui cabotine, Dany Trejo l'éternel mexicain, l'excellent William Fichtner, Dennis Haysbert (le David Palmer de 24), Nathalie Portman encore adolescente... Tous ces acteurs accroissent le réalisme et la qualité de l’œuvre.

Une réalisation à la hauteur.

Lorsque l'on a deux acteurs célèbres à l'écran et que la promotion du film que l'on réalise est basée sur leur affrontement, la moindre des choses est de livrer une réalisation qui sait les mettre en valeur. Et on peut dire que Michael Mann a réussi son pari. Il sait tirer le meilleur des deux acteurs (et de tout le casting d'ailleurs). Il a bien compris que les montrer ensemble trop souvent serait une erreur car l'effet serait inverse à celui escompté: la puissance de leur opposition. Ainsi, ils ne partagent -réellement- qu'une scène dans un petit café, où ils échangent sur la vie. Il a également l'intelligence de ne jamais les réunir dans un plan (mis à part le plan final, hautement symbolique, où ils apparaissent ensemble mais comme les deux faces d'une même pièce). Il crée ainsi une opposition factice, pour mieux nous montrer leur ressemblance.

Mai sa réussite ne s'arrête pas là. Il sait capter l'essence de la ville, l'urgence qui caractérise la vie à l'intérieur de la cité des anges et la complémentarité des rapports entre la police et les criminels. Et la cerise sur le gâteau se matérialise par une fusillade d'anthologie au cœur de la ville. Cette scène est d'une puissance visuelle effarante et transpire de suspense. Elle résume à elle seule l'âpreté et l'urgence qui caractérise le film.

Double face

La réflexion (dans tous les sens du terme) qui anime le film est intéressante. Tout d'abord, il réfléchit sur la réflexibilité entre les carrières de ses têtes d'affiches, qui possèdent un parcours similaire, que le réalisateur utilise ici afin de les opposer. Il y a également réflexion entre les forces de l'ordre et les criminels. Ils dépendent les uns des autres et la frontière qui les sépare n'est pas aussi épaisse que l'on pourrait le croire (il n'y a qu'à observer la vie identique des deux héros). Le plan final symbolique est la manifestation parfaite de cette réciprocité. Là où on aurait parié sur l'opposition, cette dernière est balayée par l'union des deux manifestations d'une réalité unique, des deux faces d’une seule pièce.

Au final, ce polar urbain, hommage aux films noirs, est réalisé et interprété de mains de maîtres. Il offre, en plus, un second niveau de lecture intéressant. A voir.

Les+ :

- Intense film policier.

- Opposition/union.

- Réalisation et interprétation haut de gamme.

Les- :

- Si je trouve je vous dis.

Note: