Lorsque Marie Ndiaye a remporté le Goncourt 2009 , Eric Raoult, député UMP de Seine-Saint-Denis avait interpellé le ministre de la culture sur les propos de l’écrivaine qu’il jugeait d’ « une rare violence, peu respectueux, voire insultants à l’égard du chef d’Etat » et soutenait qu’elle se soumette à un devoir de réserve.
Christian Paul, député PS était alors monté au créneau en accusant Eric Raoult de censure exécrable et « d’ignoble intimidation ».
Bernard Pivot, membre du jury du Goncourt, lui avait emboîté le pas en dénonçant la prise de position d'Eric Raoult, d'"erreur ou de bourde" et en estimant que le député UMP de Seine-Saint-Denis ne connaissait "rien au milieu littéraire". "Le devoir de réserve qu'il invoque n'a jamais existé, n'existe pas et n'existera jamais, pas plus pour le lauréat du prix Goncourt que pour le lauréat du prix Nobel de littérature (…) on juge un livre pas un auteur. »
On ne peut imaginer un instant qu’Alain Lefeez et Eric Raoult soient sur la même longueur d’onde mais tout de même. Quand le premier réclame l’exclusion de Michel Houellebecq de toutes compétitions ou remises de prix, on a tendance à entendre la même musique, celle de la censure.
Quant aux critiques littéraires qui feraient tous partie de la conspiration du Goncourt, revenons sur terre. Rares sont ceux qui le considèrent comme un écrivain médiocre, beaucoup lui reconnaissent un talent certain, libre ensuite de l’apprécier ou pas en tant que lecteur.
Aujourd’hui, Jean-Luc Godard est l’objet d’attaques tout aussi excessives que celles portées à l’encontre de Michel Houellebecq. Godard qui devrait recevoir un Oscar d’honneur est accusé par la presse américaine d’antisémitisme. Jean-Luc Godard comme Michel Houellebecq sont des empêcheurs de tourner en rond. Ils nous renvoient à notre propre image qui n’est pas tous les jours jolie à voir.
Patricia Houel-Deschamps