11 novembre 2010 : Nicolas Sarkozy inaugure… à côté de la plaque

Publié le 12 novembre 2010 par Kamizole

C’est désormais officiel. Nous connaissions la fâcheuse tendance de Nicolas Sarkozy à réécrire l’Histoire en permanence tel un Big Brother, désormais elle débutera avec le règne de Sarko 1er à l’Elysée. Pour preuve, la plaque qu’il a dévoilée le 11 novembre 2010. A la mémoire des jeunes Parisiens qui avaient manifesté le 11 novembre 1940 à l’Arc de Triomphe contre l’occupation nazie. Comme j’ai toujours aussi mauvais esprit, je ne peux m’empêcher de penser que Sarkozy et sa meute ont ridiculement aboyé contre Ségolène Royal quand elle appelait les lycéens à se joindre aux manifestations contre la réforme des retraites : trop jeunes et forcément irresponsables. Ceux d’hier risquaient pourtant nettement plus gros : la liberté et parfois la vie !

Pourquoi cette inauguration en grande pompe ? Lors même que le président Coty avait inauguré en 1954 une plaque commémorative – à 25 mètres de là – pour célébrer le même événement lis-je sur le site d’Europe 1 Un 11-Novembre à côté de la plaque. Si même une radio pourtant “amie” – détenue par son “frère” Arnaud Lagardère – se met à faire de l’antisarkozysme primaire (et ce n’est pas la première fois) il peut se faire quelques soucis !

Je crois cependant avoir trouvé la réponse : tout ce qui s’est passé avant la naissance de “l’Auguste” – entendre aussi bien au sens du fondateur de l’Empire romain qui pensait pouvoir subjuguer par la seule magie de son regard ! que plus trivialement le clown au nez rouge – ne pourrait exister. Tabula rasa, donc : Nicolas Sarkozy est né en 1955.

Bien entendu, les critiques ne manquent pas. Ainsi, l’historien Alain Monchamblon : «Ce qui est curieux, c’est qu’on a une plaque en haut des Champs-Elysées qui a été dévoilée en 1954 par le président René Coty (…) Peut-être qu’on ne savait pas qu’il y avait déjà cette plaque. Ou alors c’est vraiment une façon de s’emparer d’un événement historique remarquable pour se l’approprier et en faire un objet politique ».

C’est nécessairement cette dernière hypothèse qui est la bonne. Les services officiels ne pouvaient ignorer l’existence de cette plaque qui est répertoriée tout à fait officiellement sur le site internet du ministère des Anciens combattants. Mais ce ne serait pas la première fois que les service de l’Elysée sous Sarkozy pêchent par ignorance pure et simple de l’histoire : plusieurs années de suite ils parlèrent de signature de la paix le 8 mai 1945 pour ce qui ne fut qu’un simple armistice !

Même son de cloche pour Hubert Tison, secrétaire général de l’association des professeurs d’histoire-géographie – son nom ne m’est nullement inconnu car il était monté au créneau pour vilipender la suppression de l’enseignement de l’histoire dans les classes de terminale scientifique. «Je suis allé avec des élèves quand Lionel Jospin était Premier ministre, Jacques Chirac, président de la République et Jack Lang, ministre de l’Education (…) Pourquoi une nouvelle inauguration, et surtout une telle médiatisation de l’événement ? Nicolas Sarkozy considère peut-être que l’histoire commence avec son quinquennat. Il y a quelque chose qui ne va pas»…

Ben, oui, quoi ! Précisément juste après la cérémonie commémorant en grande pompe le quarantième anniversaire de la mort du Général de Gaulle où Nicolas Sarkozy tenta – vainement – de faire croire qu’il marchait sur les traces de l’auteur de l’Appel du 18 juin 1940, cherchant tous les arguments – trouvés par Henri Guaino dans le verbatim des déclarations du Général – pour justifier son hyperprésidence et tenter de nous faire accroire qu’il n’est préoccupé que par l’intérêt général… MERDALOR ! je dois avoir un sacré paquet de peaux de saucisson devant mes yeux déjà faiblards : que Sarko se souciât d’intérêt général, je ne m’en étais jamais aperçue et j’avais cru voir tout le contraire : son intérêt strictement perso et celui des copains et coquins, convives de l’interminable «Nuit du Fouquet’s»…

Notez qu’au même moment Nicolas Sarkozy eût dû se trouver à Séoul pour l’ouverture du G20 dont il prendra la présidence pour un an, à partir du 12 novembre 2010. L’étiquette diplomatique compte sans doute moins pour lui que la démagogie à usage intérieur. Pour la circonstance, il devrait inaugurer son fort dispendieux «Air force zéro» : 176 millions d’euros… J’espère que les cafés de la non moins dispendieuse machine - 25.000 € ! - lui resteront en travers du gosier.

Ne me demandez surtout pas d’être hypocrite ce qui n’est nullement le genre de la maison Kamizole. Ce serait bien plutôt Alléluia et Te Deum que De profundis et Requiem. Et «champagne pour tout le monde»…